a insisté sur le rôle essentiel de l'Etat et des institutions dans la lutte contre les discriminations et la stigmatisation des personnes défavorisées, trop souvent présentées comme des « profiteurs » ou des personnes ne souhaitant pas sortir de leur condition.
Il a également mis en garde contre les politiques ciblées sur certains publics ou la mise en place de droits catégoriels qui contribuent à créer de nouveaux phénomènes d'exclusion au lieu de les combattre. L'obligation de résultats à court terme peut en effet s'accompagner de la tentation de ne s'occuper que de ceux qui ont des chances de retrouver rapidement un emploi.
Concernant la méthode, plusieurs principes doivent guider les pouvoirs publics et les travailleurs sociaux : la liberté des personnes, leur responsabilisation et la meilleure connaissance de la pauvreté, pour surmonter les méfiances. Les personnes doivent participer aux décisions qui les concernent et ne pas en être les bénéficiaires passifs. L'ensemble des citoyens doit contribuer à la réintégration des personnes les plus pauvres en faisant un pas vers elles, par une meilleure connaissance de leur situation, par l'ouverture à elles et l'instauration d'un dialogue, qualifié par ATD Quart Monde de « croisement des savoirs ». Celui-ci peut se faire grâce à la mixité sociale à l'école et dans les logements sociaux, mais aussi grâce à une meilleure formation des travailleurs sociaux, concernés en premier lieu.
En réponse à une question de M. Bernard Seillier, rapporteur, sur les différents degrés d'engagement des membres du mouvement ATD Quart Monde, Mme Véronique Davienne a rappelé que celui-ci est composé de quatre cents « volontaires permanents », qui se sont engagés de façon durable à vivre simplement et à partager le quotidien des personnes les plus démunies, afin de mieux les comprendre. Les autres membres actifs sont seulement « alliés » et participent aux actions du mouvement de façon régulière, sans pour autant renoncer à leur vie personnelle. Certains sont enseignants, médecins ou personnels soignants et constituent ainsi un réseau utile que le mouvement peut mobiliser pour faciliter la réinsertion des personnes accompagnées. Au total, près de vingt mille personnes soutiennent la cause du mouvement, notamment en participant chaque année à la journée de lutte contre la misère. La volonté du mouvement est que les valeurs de tolérance et de dignité se propagent à tous les niveaux de la société, pour que celle-ci, toute entière, refuse l'idée même d'abandon du plus faible.