Intervention de Jacques Legendre

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 septembre 2009 : 1ère réunion
Nomination de rapporteurs

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre, président :

a rappelé que la délégation qu'il a conduite, composée de Mmes Bernadette Bourzai, Marie-Thérèse Bruguière, Sophie Joissains et de M. Bernard Fournier, s'est rendue en Roumanie avec deux principaux objectifs :

- dresser un « état des lieux » de la francophonie ;

- aborder les enjeux liés à la protection et à la mise en valeur du patrimoine roumain.

Après avoir présenté les nombreux entretiens, rencontres et visites qui ont permis à la délégation d'approfondir ces thèmes d'études, il a rappelé que ce rapport visait à rendre compte des principaux enseignements tirés de ces échanges.

S'agissant de la place de la francophonie en Roumanie, il a souligné, tout d'abord, que le choix de se rendre dans ce pays a été motivé par sa proximité culturelle et linguistique avec la France. La Roumanie est un pays francophile et de tradition francophone : la pratique du français est devenue, dès le 18e siècle, un moyen pour la haute société roumaine d'afficher son statut social ; par ailleurs, nombre d'artistes ou intellectuels roumains ont adopté le français comme langue d'expression ou se sont installés en France.

Toutefois, l'influence française s'est érodée ces dernières années : la francophonie a perdu du terrain, même si elle résiste mieux en Roumanie que dans d'autres pays ; l'anglais est passé devant le français, au début des années 2000, comme première langue étrangère enseignée dans le système scolaire ; les effectifs d'étudiants en français ont chuté ; on constate, en outre, une « américanisation » des contenus culturels diffusés dans les médias.

a souhaité évoquer l'exemple roumain à la lumière des réflexions conduites sur l'action culturelle extérieure de la France. Il a rappelé que la Roumanie avait organisé, en 2006, le XIe Sommet de la francophonie, signe du rôle stratégique que ce pays est appelé à jouer pour la promotion de la francophonie en Europe centrale et orientale et au sein de l'Union européenne. Par ailleurs, la France y dispose encore de solides atouts : le français est parlé par un Roumain sur cinq et appris par près de 1,8 million d'élèves ; le réseau culturel français est dense, puisqu'il compte un Institut culturel, trois Centres culturels, cinq Alliances françaises et un lycée français.

Pour autant, il a estimé nécessaire de défendre activement la place de la langue et de la culture françaises et d'actualiser l'image de la France auprès des jeunes générations. Or, l'offre de chaînes ou de programmes de télévision français ou francophones, de même que les relais de diffusion de la littérature contemporaine et de la presse françaises, sont insuffisants. Seul un café-librairie a ouvert en juin au sein de l'Institut culturel français de Bucarest.

Par ailleurs, les perspectives de renouvellement du corps des professeurs de français sont inquiétantes. Si la mise en place depuis 2006, dans trente lycées roumains, d'un programme d'enseignement bilingue vise à renforcer l'attractivité de l'apprentissage du français, il est également important de proposer à ces jeunes des débouchés au niveau des études supérieures, en leur offrant l'opportunité soit de suivre une filière universitaire francophone (il en existe quarante-cinq en Roumanie, dans tous les domaines de formation), soit de venir étudier en France ou dans un pays francophone. Les entreprises françaises implantées en Roumanie ont un rôle à jouer pour démontrer l'utilité directe de l'apprentissage du français en matière d'insertion professionnelle.

a abordé, ensuite, les enjeux de la protection du patrimoine roumain. Il a rappelé que, de l'avis des interlocuteurs rencontrés par la délégation, la population et la plupart des acteurs publics n'ont pas encore pris conscience de ces enjeux. Pourtant, l'exemple des monastères peints de Bucovine, inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, montre combien le patrimoine peut être un levier d'attractivité pour les territoires et le développement rural.

Il a rappelé que la politique urbanistique, engagée au début des années 1980, avait provoqué des atteintes importantes au tissu urbain traditionnel et entraîné la démolition de monuments historiques de valeur exceptionnelle. En outre, après 1989, la pression immobilière a conduit à des dérives. Ces problèmes sont particulièrement sensibles à Bucarest, mais se rencontrent également dans le reste du pays.

Dans ce contexte, le ministre roumain de la culture, des cultes et du patrimoine national, a indiqué que la sauvegarde du patrimoine était une priorité de sa mission. Il a exprimé ses fortes attentes à l'égard de la coopération avec la France, qui est déjà le premier partenaire de la Roumanie dans le domaine du patrimoine.

L'échange de savoir-faire et d'expertise est sollicité, notamment, dans deux champs prioritaires : le développement du mécénat, qui est encore à un stade embryonnaire en Roumanie, et le renforcement de la législation sur les espaces protégés. Par ailleurs, la France peut jouer un rôle essentiel pour contribuer à la formation des professionnels, des cadres et des élus locaux roumains.

a souligné, en outre, l'intérêt de la coopération décentralisée, compte tenu de l'implication forte des collectivités locales françaises dans le domaine du patrimoine, ainsi que de l'action des acteurs associatifs. Il a également mis l'accent sur les actions de sensibilisation et de soutien à la restauration des sites culturels menées par des organismes européens et internationaux tels que l'UNESCO, le Conseil de l'Europe ou le réseau « Europa Nostra ».

Enfin, il a exprimé ses remerciements, au nom de l'ensemble de la délégation, aux interlocuteurs rencontrés lors de cette mission ainsi qu'aux services de l'ambassade de France.

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