Intervention de Charles Aussilloux

Commission des affaires sociales — Réunion du 28 mai 2008 : 1ère réunion
Santé — Table ronde sur l'autisme

Charles Aussilloux, professeur de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et président du Groupe de suivi scientifique sur l'autisme :

a rappelé que l'autisme n'est pas une maladie au sens médical du terme mais qu'il s'agit plutôt de troubles du développement. On considère qu'une personne en est atteinte quand elle présente trois types de symptômes :

- des troubles dans les interactions sociales qui se traduisent par une difficulté à acquérir et à comprendre les codes sociaux ;

- des troubles de la communication verbale et non verbale ;

- enfin, l'existence de comportements stéréotypés et répétitifs ainsi qu'un intérêt sélectif pour des domaines précis.

Ces troubles s'accompagnent généralement de problèmes associés tels que des déficiences intellectuelles (70 % des cas), des troubles épileptiques (20 % à 30 % des cas), un déficit marqué de l'attention et des troubles de l'anxiété. L'autisme présente des situations variables selon l'intensité plus ou moins forte des symptômes et la présence ou non de troubles associés. Pour cette raison, on parle plutôt des autismes ou de spectre autistique, allant des formes les plus modérées aux plus graves.

Il en résulte la mise en oeuvre de stratégies thérapeutiques variables selon les troubles identifiés et selon leur évolution : sur cent personnes arrivées à l'âge adulte, quinze mènent une vie normale, trente à trente-cinq sont en mesure d'exercer une activité dans un lieu protégé et peuvent vivre dans un logement autonome mais en étant aidées, trente ont une activité non rentable et nécessitent des aides ponctuelles, enfin vingt sont très dépendantes. On constate également une évolution de la prévalence qui, de un pour mille est passé aujourd'hui à trois pour mille. Pour l'ensemble du spectre, y compris le syndrome d'Asperger, la prévalence atteint cinq à six pour mille.

Ceci étant, des progrès significatifs ont été réalisés dans le domaine de la neurophysiologie et de l'imagerie cérébrale qui devraient permettre d'améliorer de façon significative la connaissance de l'origine des troubles et leur identification.

Le professeur Catherine Barthélémy, chef du service de pédopsychiatrie du CHU de Tours, Inserm U 930, a indiqué que l'autisme est une pathologie précoce aux aspects cliniques variés qui se manifeste tout au long de la vie. Un consensus est établi pour dire qu'il s'agit d'un trouble neurocomportemental qui atteint la capacité des personnes à dialoguer avec leur entourage. Cette incapacité d'interaction proviendrait d'anomalies de fonctionnement de certaines zones du cerveau dont la vocation est de recevoir les messages émotionnels. Les progrès réalisés dans le domaine de la neurobiologie, de la génétique et de la neurophysiologie permettent aujourd'hui de mieux les identifier et de poser un diagnostic plus précoce. La rééducation sera dès lors plus efficace puisqu'elle intervient dès l'enfance, alors que le cerveau est encore malléable : elle peut permettre en effet de récupérer certaines fonctions et notamment le langage verbal et non verbal.

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