En réponse, M. Ali Ahani a apporté les éléments suivants :
- la ligne de partage des eaux territoriales entre l'Irak et l'Iran a déjà été discutée mais un accord entre les deux pays a permis de régler cette question. L'Iran a fourni des éléments précis sur le lieu d'arraisonnement des marins britanniques. En 2004, où un événement similaire s'était produit, les Britanniques avaient également commencé par prétendre être restés hors des eaux territoriales iraniennes avant de se rendre aux arguments qui leur avaient été présentés, ce qui avait permis de régler le problème. Cette fois, ils ont fait appel aux médias avant de solliciter la solidarité européenne alors que l'Iran ne fait que préserver sa souveraineté territoriale. Des contacts étroits sont maintenus entre Londres et Téhéran, ce qui permet d'être optimiste sur l'issue de cette affaire ;
- Pour ce qui concerne la situation des droits de l'Homme, l'Iran, placé pendant longtemps sous un régime dictatorial, a accompli beaucoup de progrès depuis la révolution. Il convient cependant de maintenir un rythme de réformes compatible avec celui de l'évolution de la société. Sur des sujets comme la lapidation des femmes ou l'exécution des mineurs, les autorités judiciaires ont pu trouver des punitions alternatives, de manière à ce que ces condamnations, pourtant conformes à la loi islamique, ne soient plus appliquées. Quant à la situation des femmes, elle a connu bien des progrès et elle n'est pas du tout comparable à celle des autres pays de la région. Les échanges avec d'autres pays, notamment au niveau des systèmes judiciaires, peuvent être utiles et constructifs dans le sens de la promotion des droits de l'Homme ;
- Près de 30 000 juifs vivent en Iran, la communauté juive ayant une présence multiséculaire dans le pays. L'antisémitisme n'est présent ni chez les gouvernants, ni dans la population. Certes, des critiques sont formulées à l'égard du régime israélien mais non à l'égard des juifs qui disposent au demeurant d'une représentation au Parlement.
Les déclarations du président iranien concernant la tragédie de l'holocauste ont été manipulées et n'avaient pas pour objet de nier celle-ci. Elles ne visaient qu'à poser certaines questions. De même, la conférence organisée à Téhéran sur l'holocauste visait à s'interroger sur cette réalité historique sans tabou et à laisser aux chercheurs, qu'ils soient pour ou contre, la possibilité d'exprimer librement leurs points de vue sur ce sujet.
- L'arraisonnement des bateaux et l'arrestation des marins britanniques est une question de souveraineté. La mission des Britanniques, même si elle s'inscrit dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, ne les autorise pas à violer les eaux territoriales iraniennes ;
- Les entreprises françaises ont naturellement leurs chances dans l'hypothèse de la constitution d'un consortium international en Iran mais il faut qu'un cadre politique puisse être défini au préalable ;
- Avant d'envisager de frapper l'Iran, les Etats-Unis devraient tirer les leçons de leur intervention en Irak. Des frappes sur l'Iran seraient une catastrophe pour les Etats-Unis et le monde et auraient des conséquences à la fois terribles et inattendues. La France, le Gouvernement, le Parlement et les médias français peuvent jouer un rôle dissuasif important pour faire prendre conscience de ces conséquences aux Etats-Unis ;
- Ayant accès à la technologie d'enrichissement d'uranium, l'Iran a une préférence pour la localisation sur son sol du consortium international de production du combustible nucléaire. Une installation hors d'Iran pourrait aussi être complémentaire. En tout état de cause, l'Iran ne souhaitant pas aller au delà de 3,5 % d'enrichissement de l'uranium, une telle solution doit permettre de dissiper les inquiétudes.