Intervention de Robert del Picchia

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 7 octobre 2009 : 1ère réunion
Accord entre la france et le botswana sur l'éducation et la langue française — Examen du rapport

Photo de Robert del PicchiaRobert del Picchia, rapporteur :

a rappelé que le Botswana est un pays d'Afrique australe qui a des frontières communes avec l'Afrique du Sud, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe.

Ce territoire grand comme la France mais peuplé de moins de 2 millions d'habitants ne dispose pas d'accès à la mer et 70% de sa surface est désertique.

Il bénéficie néanmoins d'un sous-sol riche en diamants, dont il est le premier producteur mondial, en minéraux (nickel, cuivre), en charbon et en pétrole.

Ancienne colonie britannique, le Botswana a accédé à l'indépendance en 1966.

Ce pays se singularise par une vie politique stable et démocratique, une administration compétente et peu corrompue, une remarquable réussite économique et par un système éducatif et de protection sociale très développé.

Alors que ce pays se situait parmi les pays les plus pauvres lors de son indépendance, il figure désormais parmi les pays les plus prospères du continent.

Le Botswana fait ainsi figure de modèle de réussite pour l'ensemble du continent africain, a estimé M. Robert del Picchia, rapporteur. Il connaît toutefois un taux de contamination au SIDA parmi les plus élevés au monde (un adulte sur trois).

Bien que le Botswana soit un pays anglophone, l'anglais étant la langue officielle et la langue de l'enseignement, et que les échanges économiques entre les deux pays soient limités (les principaux partenaires du Botswana étant l'Afrique du Sud et le Royaume-Uni), la France a été amenée à renforcer sa coopération avec le Botswana ces dernières années.

Ainsi, un ambassadeur permanent est en poste dans la capitale Gaborone. Depuis 2001, le Botswana accueille, en effet, le siège de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), organisation d'intégration régionale qui regroupe quinze pays d'Afrique australe.

Or, le français figure, avec l'anglais, au titre des langues officielles de la SADC, notamment en raison de la présence de Madagascar au sein de cette organisation.

Dans ce contexte, les autorités du Botswana ont mis en place une politique de développement de la langue française dans le système d'enseignement, le Botswana disposant d'un système éducatif de très bonne qualité avec un taux de scolarisation des enfants proche de 100%.

L'objectif visé est de faire du français la troisième langue de l'enseignement secondaire, après l'anglais et le setswana, la langue locale.

a indiqué que l'accord signé le 20 mars 2008 visait à renforcer la coopération culturelle et linguistique entre la France et le Botswana.

Il prévoit notamment un appui de la France à la formation de professeurs de français, des échanges d'expertise ou la mise à disposition de matériel pédagogique.

Il s'agit ainsi de répondre à la volonté des autorités du Botswana d'étendre progressivement l'apprentissage du français à l'ensemble des établissements d'enseignement secondaire.

Tout en soulignant les aspects positifs de cet accord, M. Robert del Picchia, rapporteur, a néanmoins estimé qu'il se heurtait à deux limites.

D'une part, les stipulations de cet accord ne sont pas véritablement juridiquement contraignantes pour les deux parties mais relèvent davantage de déclarations d'intentions.

D'autre part, il est précisé dans cet accord que les activités de coopération font l'objet de financements de la part des deux parties « dans la limite des moyens alloués chaque année à cet effet ».

Or, jusqu'à présent, les financements accordés par la France sont restés assez limités, puisque le Botswana ne figure pas parmi les pays de la zone de solidarité prioritaire et ne bénéficie donc pas à ce titre des crédits de l'AFD.

De plus, les financements bilatéraux au titre de coopération culturelle et linguistique du ministère des affaires étrangères et européennes ont été réduits de moitié en 2009, passant de 130 000 à 70 000 euros, de même que la subvention de l'Alliance française de Gaborone, seule institution culturelle française présente dans ce pays.

Ainsi, un programme de formation d'enseignants du Botswana à La Réunion n'a pas pu être renouvelé faute de financements.

a donc émis le voeu que la ratification de cet accord par la France permette véritablement de développer la coopération avec le Botswana et de renforcer l'apprentissage du français dans ce pays, en s'appuyant notamment davantage sur les institutions botswanaises et d'autres partenaires publics ou privés.

Il a cité à cet égard la coopération décentralisée (en particulier celle de l'île de La Réunion), le ministère de l'éducation nationale et les établissements d'enseignement, l'Organisation internationale de la Francophonie, mais aussi les entreprises.

Il a estimé qu'il serait très regrettable de ne pas pouvoir aider les autorités de ce pays à développer, comme elles le souhaitent, l'apprentissage du français dans cette région d'Afrique anglophone.

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