Intervention de Joëlle Garriaud-Maylam

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 mai 2011 : 1ère réunion
Audition du dr abdullah abdullah ancien ministre des affaires étrangères d'afghanistan

Photo de Joëlle Garriaud-MaylamJoëlle Garriaud-Maylam :

Lors de votre audition l'an dernier, vous aviez parlé de décentralisation. Où en êtes-vous aujourd'hui sur ce thème, ainsi que sur la question de la reconstruction de la société civile et du soutien aux femmes ?

Dr Abdullah Abdullah - Le temps joue contre nous dans tout ce que nous entreprenons. Il faut du temps pour développer une société civile, investir dans l'éducation, améliorer la condition des femmes. Le débat sur la décentralisation est en cours, ce n'est pas une question figée.

Il faut un système parlementaire et non présidentiel. Karzai utilise aujourd'hui le judiciaire comme un outil personnel, il limite les pouvoirs du Parlement, il n'est pas responsable devant le Parlement, trop de pouvoir est concentré entre ses mains.

A cela s'ajoute le problème de la corruption des autorités. Il faut donc changer le système électoral, passer à un système parlementaire. Les maires de villes doivent êtres élus, c'est prévu par la Constitution mais pas encore mis en oeuvre.

Si l'Afghanistan était dirigé par un appareil étatique unique et omniprésent, ce serait impossible, dans l'histoire afghane ça n'a jamais fonctionné. Notre pays est divers, et cette diversité doit être représentée à long terme, même si cela sera difficile dans un premier temps.

Au-delà de ces questions se pose celle de la responsabilité. Si les gouverneurs ne répondent de leurs actions qu'au président, ils ont moins de pression, alors que s'ils sont élus par le peuple, ils doivent répondre de leurs actes car ont la sanction des urnes.

La décentralisation, telle que nous la connaissons actuellement, s'est mise en place en dehors de la Constitution. A ce jour, deux possibilités, soit ce système chaotique, malade, va rester en place, soit il va s'auto-corriger au fil des années grâce à l'aide du peuple.

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