Intervention de Gérard Longuet

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 mai 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Gérard Longuet ministre de la défense et des anciens combattants

Gérard Longuet, ministre de la défense :

A M. Jean-Pierre Bel, je répondrai que la disparition d'Oussama Ben Laden n'est pas seulement en soi un évènement très important, mais que cette opération a permis de mettre la main sur un nombre significatif de documents. Les propos du président Hamid Karzai me semblent devoir être interprétés non pas comme une remise en cause de la présence étrangère mais comme une interrogation sur le rôle du Pakistan. En tout état de cause, notre objectif est d'aller vers une transition et un transfert progressif aux autorités afghanes.

S'agissant des éventuelles répercussions de l'intervention en Libye sur la situation au Sahel, il existe un risque que des armes se retrouvent entre les mains d'AQMI compte tenu des fréquents déplacements des populations nomades et de la porosité des frontières. Les pays frontaliers sont toutefois vigilants sur ce point.

En réponse à M. André Vantomme, je voudrais compléter les propos que j'ai tenus à l'Assemblée nationale, puisque le désengagement progressif de la KFOR devrait se faire non pas en deux mais en trois étapes. Depuis mars dernier, nous sommes passés à la deuxième phase, avec une réduction de moitié des effectifs de la KFOR et du contingent français, qui est actuellement de 310 militaires. La troisième étape, c'est-à-dire le retrait de nos unités, pourrait intervenir dès l'an prochain, en concertation avec nos alliés et dans le cadre d'une décision de l'OTAN.

Je voudrais remercier M. Jacques Berthou d'avoir évoqué le sort de tous les otages français, y compris celui détenu en Somalie, dont la situation est peut être la plus délicate compte tenu du fait que ses ravisseurs n'ont pas réellement fait connaître leurs revendications. Les services de l'Etat, et du ministère de la défense, sont pleinement mobilisés. Ainsi, en Afghanistan, une équipe est spécialement chargée des négociations avec les ravisseurs. Celles-ci sont délicates car les négociateurs sont différents de ceux qui détiennent les otages et leurs intérêts ne sont pas forcément identiques. Les informations dont nous disposons nous laissent penser que les otages français sont en vie et traités convenablement.

Les attentats de Marrakech n'ont pas été revendiqués par AQMI et les premiers éléments de l'enquête laissent penser qu'ils ont été commis par un groupe isolé.

En réponse à M. Didier Boulaud, le bilan estimé de l'intervention en Libye est le suivant : l'aviation aurait été anéantie, avec plus de 80 % des appareils hors service et il ne resterait plus que des hélicoptères. L'armée de terre aurait subi de lourdes pertes, avec un tiers des matériels lourds détruits et environ 50 % des stocks de munitions. Seule la marine aurait été épargnée, mais elle ne présente pas un grand danger et les navires sont demeurés dans les ports où ils ne présentent pas de menace. Les défenses anti-aériennes ont également été sérieusement touchées.

Ce qui reste aux forces loyales à Kadhafi ce sont essentiellement les pick-up équipés de mitrailleuses, qu'il est difficile de détruire, car ils sont très mobiles et qu'ils sont utilisés également par les opposants.

Concernant l'embargo et le contrôle des frontières, elles sont assez bien surveillées à l'Est et à l'Ouest, mais moins au Sud.

En réponse à M. Jacques Gautier, je serai plus prudent en ce qui concerne les résultats de notre intervention en Afghanistan. Tuer n'est jamais un motif de satisfaction, même s'il s'agit d'insurgés talibans. Le vrai succès de notre intervention sera de transmettre la responsabilité de nos zones à l'armée afghane.

Madame Joëlle Garriaud Maylam, vous avez raison de souligner l'intérêt des attachés de défense au sein de nos ambassades. Compte tenu des contraintes budgétaires, le ministère n'envisage pas d'accroître leur nombre mais nous veillons à ce qu'ils soient présents dans tous les pays qui présentent un intérêt pour nos industries de défense.

Enfin, en réponse à M. Jean-Louis Carrère, je peux mentionner de nombreux exemples d'améliorations apportées à l'équipement et à la protection de nos soldats déployés en Afghanistan, comme le déploiement du Rafale, du véhicule blindé de combat d'infanterie ou encore du remplacement prochain des hélicoptères PUMA par le NH 90.

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