Répondant aux différents intervenants, M. Alain Lancelot a fait les observations suivantes :
- les médias représentent plutôt fidèlement la diversité sociale de la société française. La difficulté principale réside toutefois dans la représentation des classes moyennes : quasiment absentes des émissions d'information, leur existence demeure heureusement relatée dans de nombreuses séries ou fictions ;
- l'âge d'or de la presse en France se situe entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Aujourd'hui, la presse française se caractérise par son coût élevé et un système de distribution inadapté ;
- la disparition progressive des journaux d'opinion est, certes, regrettable, mais se contente dans les faits de refléter l'évolution structurelle d'une société française marquée par le consensus politique. Dans ces conditions, le financement par le contribuable des titres les plus fragiles peut paraître contestable.
Par ailleurs, la disparition de la presse d'opinion n'entraîne pas pour autant la disparition du débat démocratique. En effet, on constate désormais que le débat se déroule moins entre journaux de tendances politiques opposées que dans les colonnes d'un même journal ;
- les gratuits représentent un accès nouveau à l'information et participent donc, d'une certaine façon, à la vitalité du débat démocratique. Leur succès démontre surtout l'importance de deux facteurs en matière de diffusion de la presse : le prix et les modalités de distribution ;
- le prochain défi médiatique réside dans le lancement d'un moteur de recherche européen. Pour participer activement à cette aventure, il faudrait que notre pays dispose d'universités performantes bien insérées dans le tissu industriel et d'étudiants maîtrisant parfaitement l'anglais ;
- les nouvelles modalités du militantisme sont préoccupantes. Peu critiquées, elles deviennent rapidement de véritables sources d'autorité. Par la voie des modes nouveaux de communication, la société civile peut ainsi devenir redoutable et se faire entendre efficacement auprès des responsables politiques ;
- l'idée que la démocratie participative puisse se substituer à la démocratie représentative doit être considérée avec prudence. Si la démocratie participative est appelée à se diffuser progressivement grâce à Internet, il convient de garder à l'esprit qu'elle repose sur l'emballement en lieu et place de la responsabilité.