Intervention de Jean-Raymond Lépinay

Mission commune d'information sur le fonctionnement des dispositifs de formation professionnelle — Réunion du 28 mars 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Raymond Lépinay président de l'union nationale des missions locales unml

Jean-Raymond Lépinay, président de l'Union nationale des missions locales :

S'agissant de la phase d'entrée dans l'emploi, M. Jean-Raymond Lépinay a souligné que l'alternance constituait l'un des outils les plus efficaces et, qu'à ce titre, les contrats de professionnalisation, après des débuts difficiles, connaissaient une montée en puissance aujourd'hui très rapide.

Observant que l'alternance était une « opération risquée », il a insisté sur l'importance de la poursuite de l'accompagnement du jeune par la mission locale pour consolider l'insertion dans l'emploi en veillant, par exemple, à remédier à ses difficultés de transport ou de logement. Il a ajouté que la désignation, au sein de l'entreprise, d'un « référent » chargé de suivre spécifiquement le jeune sous contrat, était un facteur essentiel de réussite.

Il a, en revanche, émis un diagnostic plus réservé sur l'apprentissage, certaines formations étant aujourd'hui éloignées de la réalité des besoins.

Puis il a évoqué les cas d'accès direct à l'emploi, en précisant que le concept « d'emploi durable » apparaissait assez largement comme une illusion, compte tenu de la mobilité actuelle du marché du travail. Cette situation - a-t-il ajouté - impose aux missions locales, tout d'abord, de maintenir l'accompagnement du jeune au moins jusqu'à la fin de la période d'essai, et également de « gérer l'interstitiel », par exemple, entre deux contrats à durée déterminée (CDD).

Il a résumé la tâche des missions locales comme la transformation de parcours chaotiques en trajets d'insertion plus linéaires, et souligné que la mobilité et le logement constituaient souvent, bien plus encore que la formation, des facteurs d'insertion essentiels.

S'agissant de la rémunération des stagiaires, M. Jean-Raymond Lépinay a insisté sur l'importance, non pas d'un « RMI jeune », mais d'une allocation qui, dans le processus de construction du parcours vers l'emploi, représente la contrepartie de l'effort d'insertion.

Il a jugé insuffisamment pertinentes les problématiques qui se réduisent à s'interroger sur l'ajustement entre l'offre et la demande d'emploi ou sur les besoins de formation, et a en revanche insisté sur l'importance de la continuité du suivi du jeune tout au long des trois phases de son insertion professionnelle. Il a observé, au passage, que certains plans régionaux de développement des formations (PRDF) participaient parfois d'une logique d'offre qui conduit certains conseils régionaux à reprocher aux missions locales de ne pas suffisamment « remplir les stages » proposés aux jeunes.

a enfin lancé un cri d'alarme - « la France se moque de ses jeunes ! » - en rappelant que notre pays se place en dernière position de l'Union européenne pour le taux d'emploi de ses jeunes. Il a précisé que l'impression d'être délaissé, qu'éprouvent de nombreux jeunes, interpellait non seulement les pouvoirs publics, mais aussi les entreprises et nécessitait une remise à plat des systèmes d'insertion qui comportent des effets de seuil importants. A cet égard, il a évoqué l'existence d'une « fracture » du système pour les jeunes âgés de plus de vingt-six ans qui peuvent relever du revenu minimum d'insertion et de dispositifs gérés par les conseils généraux.

Il a enfin signalé que la distinction entre jeunes qualifiés et non qualifiés tendait à s'estomper puisqu'ils sont confrontés, de plus en plus, aux mêmes difficultés de parcours et de survie financière.

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