Intervention de Gianpiero Carlo Cantoni

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 22 juin 2010 : 1ère réunion
Echange de vues avec une délégation de sénateurs italiens

Gianpiero Carlo Cantoni, président de la commission de la défense du Sénat de la République d'Italie :

présente la délégation de sénateurs italiens composée des sénateurs de la commission de la défense : MM. Giuseppe Caforio, membre du parti l'Italie des valeurs, Mauro Del Vecchio, membre du Parti Démocratique, Sergio Divina, membre de La ligue de Nord et de Padanie, Vincenzo Galioto, membre du parti Le peuple de la liberté, accompagnés de M. Marco Biscu, conseiller des services du Sénat italien.

Vous avez souligné l'excellence des rapports entre la France et l'Italie, qui ont de grandes affinités et qui doivent continuer à assumer le leadership de la coopération de défense en Europe afin de faire revivre le rêve des pères fondateurs.

Je vous remercie d'avoir rappelé la création de la brigade alpine franco-italienne, qui va dans le sens d'une Europe de la défense. Cette Europe de la défense faisait partie du rêve initial, qui malheureusement n'a pas vu le jour. L'Europe de la défense n'est pas née et l'euro est le seul sang qui coule dans les veines de l'Europe. Mais ce lien monétaire ne peut pas être le lien unique. Le lien qui nous unit doit être un lien de défense, la défense d'une culture commune, la défense d'idées et de valeurs partagées, la défense d'industries importantes. De ce point de vue, l'Europe doit prendre conscience de la nécessité de se renforcer, parce que sinon elle deviendra un musée d'archéologie industrielle.

Vous avez souligné le partenariat existant entre nos industries de défense dans le domaine de la construction navale, des missiles, des satellites, ainsi que dans bien d'autres domaines. Même le programme italien de fantassin du futur (soldato futuro) pourrait s'inspirer du programme français Felin, voire utiliser certains de ses éléments.

Nous avons bien saisi l'offre de collaboration à votre projet et nous allons appeler l'attention du Président du Sénat et de nos hommes politiques pour l'adopter.

Il est évident que, après le tsunami financier qui a failli emporter la Grèce, mis en difficulté l'Espagne, le Portugal, et mettra certainement demain la Grande-Bretagne en difficulté aussi, nos projets de défense devront être revus à la baisse. Il sera donc nécessaire de rationnaliser les industries françaises et italiennes pour faire face à une compétitivité de l'industrie de défense américaine de plus en plus rude.

De ce point de vue, nous, Italiens, vous envions, parce que vous avez été plus courageux que nous en faisant le Livre blanc. Cela vous a permis de poser de façon sereine la question du concept de défense, alors que nous sommes maintenant obligés de le faire dans l'urgence.

Nous voyons avec beaucoup d'intérêt la possibilité d'accroître la coopération en matière navale. Il y a bien sûr les frégates Horizon et les FREM, mais il y a également, en matière d'opérations, une possible coopération dans le domaine de la lutte contre la piraterie. Nous savons que vous avez sur vos bateaux civils quatorze équipes de 9 à 12 personnes et nous en sommes très envieux, parce que nous n'avons pas réussi à convaincre notre ministère de la défense d'en faire autant.

Par ailleurs, nous mettrons tout en oeuvre pour soutenir le projet que vous avez formé de suivi parlementaire de la PSDC. Il faut en effet trouver un substitut à l'UEO.

L'Europe de la défense est un rêve difficile à réaliser. Nous sommes tous Européens. Mais nous voulons tous soutenir nos entreprises et maintenir notre propre compétitivité, ce qui est la cause même de l'affaiblissement du rêve européen. S'il y avait un domaine où il eût été facile de faire émerger une volonté industrielle française, c'est bien celui des compagnies aériennes. Or cela ne s'est pas fait. Les concentrations ne se font pas librement. Elles ne se font que sous la pression, lorsque cela se passe mal.

Nous croyons dans le pouvoir des rêves. Et nous faisons le rêve que l'on puisse avoir une Europe de la défense, une Europe des idées qui puisse se construire, sur une base libérale, catholique et réformiste. Sinon les pays asiatiques nous relègueront aux marges du monde. Nous avons tous la force de le faire. Il nous faut juste faire de la politique avec un grand «P». Je suis sûr que les générations qui viendront gagneront cette bataille.

Sénateur Vincenzo Galioto - Nous sommes tous confrontés à une crise financière que nous devons affronter en faisant des coupes budgétaires qui affecteront nécessairement la défense. Nous devons donc faire en sorte d'en minimiser les effets afin que cela n'affecte pas la qualité de notre défense.

Votre proposition de coopération sera accueillie favorablement par le Président du Sénat italien.

J'ai deux questions. La première est : que pensez vous de l'élargissement de l'OTAN à l'Ukraine et à la Géorgie ? La seconde a trait au terrorisme international. L'Afghanistan est le premier producteur d'opium au monde. Comment cela se traduit-il dans ce pays et dans le nôtre ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion