a tout d'abord indiqué que l'Association des maires des grandes villes de France (AMGVF) pourrait faire de la parité l'un de ses grands thèmes de réflexion au cours des prochains mois. Elle a cependant précisé qu'en l'absence de prise de position officielle de l'AMGVF sur la parité, elle s'exprimerait essentiellement à titre personnel.
Puis elle a rappelé que l'AMGVF représentait 93 villes ou structures intercommunales de plus de 100 000 habitants, rassemblant 17 millions de Français. Elle a noté que l'on recensait 14 % de femmes parmi les maires de grandes villes et 6 % seulement parmi les maires de villes moyennes.
Se disant tout à fait favorable au principe de la parité, elle a cependant exprimé deux réserves. En premier lieu, améliorer la parité peut impliquer de changer de mode de scrutin et, à ce titre, a-t-elle rappelé, il convient de veiller à ne pas bouleverser les équilibres politiques et territoriaux existants, au seul motif d'instituer la parité. En second lieu, elle a estimé qu'il faudrait peut-être attendre que la législation introduite depuis 2000 produise tous ses effets, celle-ci ayant permis l'émergence d'une nouvelle génération de femmes politiques.
Rappelant qu'elle avait été initialement réservée à l'égard de l'institution de quotas susceptibles d'avoir des effets pervers, elle a indiqué qu'elle avait peu à peu été convaincue de la nécessité de faire progresser la représentation des femmes de manière plus dynamique que ne le ferait l'évolution spontanée des pratiques. Elle a en effet constaté que la proportion de femmes à l'Assemblée nationale était aujourd'hui à peine supérieure qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Elle a ensuite évoqué le faible nombre de femmes désignées comme têtes de listes et leurs difficultés à accéder aux postes de premier plan, les plus « visibles ».
a ensuite rappelé que 47 % des conseillers municipaux des communes de plus de 3 500 habitants étaient des femmes, mais que celles-ci étaient beaucoup moins nombreuses au niveau des intercommunalités, qui représentent des lieux de pouvoir.
Tout en regrettant cette situation, elle a évoqué les difficultés de concilier la nécessaire représentation des petites communes dans les intercommunalités et la mise en place de la parité, dans la mesure où ces petites communes ne comptent actuellement qu'une minorité des femmes au sein de leurs conseils municipaux.
Puis elle a constaté que les partis ne « jouaient pas le jeu » de la parité, en rappelant que, parmi les candidats aux dernières élections législatives, on ne comptait que 34,6 % de femmes au parti socialiste et moins de 20 % dans les rangs de l'UMP. Dans ces conditions, elle a estimé souhaitable de continuer à appliquer des pénalités aux partis politiques qui ne présentent pas suffisamment de femmes, au détriment de l'équilibre de la représentation politique. Elle a également souhaité que soit assurée une meilleure publicité de la mise en oeuvre effective de la parité par les différents partis politiques.
Elle a ensuite abordé deux sujets qui lui tiennent à coeur.
D'une part, sur la base de ses observations sur la situation dans les quartiers, elle a estimé insuffisantes les possibilités d'accès à la citoyenneté d'un certain nombre de jeunes femmes, notamment issues de l'immigration, en précisant que ces dernières, subissant la pression de leur entourage familial et de leur milieu culturel, ne pouvaient pas toujours bénéficier suffisamment des outils d'éducation et d'intégration offerts par la République. Elle a diagnostiqué une régression de la situation actuelle par rapport au passé récent et s'en est inquiétée, en appelant à réagir à cette évolution. Elle a en effet regretté l'absence de poursuite de leurs études par certaines jeunes filles, pourtant excellentes élèves, et l'insuffisance de la mixité dans le cadre de nombreuses activités sportives ou culturelles organisées dans les quartiers.
D'autre part, elle a estimé que si l'égalité entre les sexes était certes encore imparfaite en France, la situation observée dans certains pays était véritablement dramatique. Evoquant la publication récente d'un ouvrage intitulé « Le livre noir de la condition des femmes », elle a notamment mentionné le fait que 90 millions de chinoises et d'indiennes n'auraient pu voir le jour en raison de la préférence accordée à la naissance de garçons.
Elle a souhaité que le Sénat puisse servir de cadre à des actions de soutien au combat mené par un certain nombre de femmes dans le monde pour défendre leurs droits.