Intervention de Bernard Squarcini

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 mai 2009 : 1ère réunion
Conséquences de la crise économique et financière en matière de terrorisme et d'insécurité — Audition de M. Bernard Squarcini directeur central du renseignement intérieur et M. Eric Bellemin-comte adjoint au sous-directeur de la protection économique

Bernard Squarcini, directeur central du renseignement intérieur :

a rappelé que, à la suite des conclusions du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, une importante réforme des services de renseignement avait été engagée afin d'aboutir à un dispositif suffisamment souple permettant de s'adapter à différentes situations. Il a estimé que la crise économique actuelle ne remettait pas en cause cette réforme, mais qu'il fallait s'interroger sur ses conséquences en matière de sécurité, et il a indiqué que les services de renseignement britanniques menaient actuellement une réflexion sur ce sujet.

a estimé que cette crise avait des conséquences en matière de sécurité sur trois plans différents.

Il a d'abord souligné ses incidences en matière de sécurité intérieure. A cet égard, il a mentionné les conséquences des fermetures d'entreprises et les débordements en matière d'ordre public, avec notamment une multiplication des séquestrations de dirigeants d'entreprises. Il a également fait part de ses préoccupations au sujet de la radicalisation de l'ultra-gauche autonome, illustrée notamment par les violentes manifestations à l'occasion du sommet de l'OTAN à Strasbourg, et d'une contestation sociétale pouvant donner lieu à des tentatives de déstabilisation de la société, voire à des actes de sabotage, comme cela a pu se produire récemment sur le réseau ferroviaire. Il a rappelé que la France avait déjà été confrontée par le passé au terrorisme d'extrême gauche, avec le groupe Action directe notamment, à l'image d'autres pays européens et il n'a pas exclu une résurgence de ce phénomène, en citant le cas récent de la Grèce. Il a cependant souligné que la principale menace terroriste pesant sur notre pays restait celle émanant du terrorisme islamiste, notamment du réseau Al Qaïda au pays du Maghreb islamique.

Il a également relevé que la crise avait pour effet de fragiliser la protection du patrimoine et de la sécurité économique des entreprises, ce qui pouvait encourager les tentatives, émanant d'Etats tiers ou de sociétés étrangères, de recueil de renseignement économique.

Enfin, évoquant les conséquences de la crise économique sur le plan de la sécurité extérieure, il a souligné le risque de déstabilisation des Etats fragiles, en particulier dans la zone subsaharienne, en Mauritanie, au Niger ou au Sénégal, où l'on constate que le réseau Al Qaïda au Maghreb s'est replié et alors que cette zone est traditionnellement une forte terre d'émigration vers l'Europe et vers la France, ou encore le risque de déstabilisation dans la zone de l'Afghanistan et du Pakistan. Il a également évoqué la question des paradis fiscaux au regard du financement du terrorisme et du blanchiment d'argent sale. On constate également une volonté de l'islam radical d'accentuer le fossé entre les riches et les pauvres qui s'élargit avec la crise.

Dans ce contexte, il serait dangereux de baisser la garde même si la situation du budget de l'Etat oblige l'ensemble des administrations à l'économie. M. Bernard Squarcini a rappelé que la réforme des dispositifs de renseignement s'était traduite par la fusion de deux services au sein d'un nouveau service chargé du renseignement intérieur et le rapprochement de ce service avec celui chargé du renseignement extérieur, au moyen de mutualisations, de notes ou d'opérations communes.

Il a également indiqué que, en application des recommandations issues de la révision générale des politiques publiques, les services de renseignement n'échappaient pas à la diminution du nombre d'effectifs touchant le ministère de l'intérieur, avec une réduction prévue d'environ 400 postes sur 3 300 agents à l'horizon 2012, soit une baisse de 13 % des effectifs. A cet égard, il a relevé que la plupart des services de renseignement étaient confrontés au défi d'assurer leur mission tout en réduisant leurs effectifs, en citant l'exemple du MI5 britannique. Toutefois, des exemples récents constatés au Royaume-Uni montrent que la diminution des effectifs a un effet direct sur la qualité du renseignement et de l'analyse. A l'issue de cet exposé, un débat s'est engagé.

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