Intervention de Christophe Girard

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 18 mai 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Christophe Girard conseiller de paris adjoint au maire en charge de la culture du patrimoine et des partenaires étrangers

Christophe Girard, adjoint au maire en charge de la culture, du patrimoine et des partenaires étrangers :

La question locale est révélatrice de sujets plus graves et plus importants.

S'agissant des maisons de ventes, nous sommes dans un pays où la puissance publique investit beaucoup pour la culture et l'éducation à la culture, notamment en comparaison à d'autres pays. Par exemple, il n'y a pas de ministère de la culture aux États-Unis. Cette exception est à assumer totalement.

Toute dépense culturelle a des conséquences économiques sur la ville. Les artistes, la culture sont bien un moteur économique assumé, et pour lequel nous n'avons pas de complexe à avoir.

Le marché de l'art souffre d'une fiscalité française moins avantageuse. La Chine est en train de prendre la première place. La France se situe au quatrième rang derrière la Chine, les États-Unis et la Grande-Bretagne, mais nous avons progressé. Lors de la dernière FIAC, on s'est aperçu que le volume d'affaires de l'art contemporain en France est passé à 18 millions d'euros. On est loin cependant des 200 millions d'euros des marchés chinois ou américains.

Notre position française s'explique par le fait que nous ne disposons pas structurellement et fiscalement d'un système particulièrement avantageux. Dans une tribune parue en 2002, j'avais fait la suggestion d'un mécénat populaire. Je proposais d'encourager nos concitoyens à l'achat d'une sérigraphie, d'une lithographie, d'un objet d'art dans des lieux d'art comme les galeries par des mesures d'incitation fiscale. Je pense qu'on aurait de grandes surprises et qu'on encouragerait un mouvement citoyen d'intérêt pour la collection et l'art de collectionner. Pour beaucoup, collectionner signifie acheter des oeuvres extrêmement chères, alors que la sérigraphie ou la gravure relèvent de métiers merveilleux. Nous avons un devoir de sauver ces métiers pour conserver un savoir-faire, une forme d'intelligence. La France n'aura sa place dans le monde face à la Chine que si ces métiers sont protégés, encouragés et développés. Encore faut-il qu'il y ait commerce ! Ces métiers magnifiques bénéficient de transfert de technologies. Assumons même la plus grande modestie de nos métiers d'art. Je pense qu'économiquement, on sera gagnant.

Les restrictions budgétaires culturelles doivent être pensées intelligemment. Je considère que des organismes, des lieux méritent des restructurations, à condition de proposer des redéploiements et des transferts vers de nouvelles initiatives.

Sur le système des ventes aux enchères, la Ville de Paris a très peu de poids. C'est la voie législative qu'il faut faire entendre, tout en repensant la place internationale de Paris. Le marché londonien a su s'approprier Internet comme un moyen et non comme un danger. Employons-nous à en faire un outil.

Je vais publier une tribune où je plaiderai pour la création d'un ministère de la culture, de la communication et du numérique. Le numérique ne doit pas relever de l'industrie mais de ce ministère.

Lors de l'incendie de l'Élysée Montmartre, j'ai réagi comme adjoint à la culture avec un peu d'affect. J'ai reçu son directeur qui n'est pas le propriétaire. J'ai convoqué tous les directeurs des grands établissements parisiens pour permettre rapidement de reprogrammer les spectacles prévus dans cette salle. Ainsi, « Le 104 » a pu accueillir trois concerts. Nous avons un devoir patrimonial à l'égard de cette salle. Il existe de réels problèmes entre le gérant et le propriétaire. J'invite la collectivité à la prudence.

Dans le cadre du Grand Paris, j'ai été auditionné pendant cinq heures, au lieu de l'heure et demie initialement prévue, par Daniel Janicot Il s'agit d'initier des pistes ou des propositions dans le pot commun sur le Grand Paris. La Ville de Paris a signé un contrat avec le conservatoire de Boulogne pour créer un pôle supérieur d'éducation artistique. L'action politique est engagée.

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