Vous faites un constat nuancé sur la désindustrialisation qui frappe la France. Nous avons reçu plusieurs économistes qui vont dans votre sens. En revanche, nous étions tout à l'heure avec des représentants des territoires de tous bords politiques : pour eux, la désindustrialisation est d'une cruelle réalité.
Les transferts d'emplois sont une vraie question. Le fait d'externaliser les services est de nature à relativiser les pertes d'emplois. En revanche, les économistes et les statisticiens ne prennent en compte dans leurs chiffres que les entreprises qui sont parties à l'étranger. Ils font l'impasse sur le global sourcing, qui provoque, chaque fois qu'une entreprise se fournit sur internet, la disparition de productions et donc de quelques dizaines ou de quelques centaines d'emplois à chaque fois. Quand on appréhende ainsi la question, on s'aperçoit que les délocalisations sont beaucoup plus importantes qu'on ne le dit.
Il faudrait peut être prendre en compte le repli structurel de l'industrie française. Par exemple, la prime à la casse a bénéficié essentiellement aux petits véhicules fabriqués à l'étranger : auparavant, l'industrie automobile apportait beaucoup à notre balance commerciale. Aujourd'hui, il lui arrive d'être déficitaire.