Intervention de Daniel Raoul

Mission commune d'information sur la désindustrialisation des territoires — Réunion du 15 décembre 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Eric Besson ministre auprès de la ministre de l'économie des finances et de l'industrie chargé de l'industrie de l'énergie et de l'économie numérique

Photo de Daniel RaoulDaniel Raoul :

Vous avez dit que les externalisations dans l'industrie faussaient un peu les statistiques, mais cela ne représente que 25% des emplois perdus. En outre, personne ne nie que l'industrie ne représente plus que 16% du PIB.

Ensuite, il y a des délocalisations masquées : on importe un certain nombre de composants, que l'on fabriquait jadis chez nous, et on se contente de les assembler sur notre territoire. C'est ce qui se passe dans le secteur de l'informatique, mais aussi dans celui de l'automobile. Ainsi, Molex, qui était une entreprise rentable, a été complètement dépouillé.

La semaine dernière, nous avons été à Stuttgart et nous nous sommes attachés aux coûts salariaux. Chez Bosch, on a découvert des faits qui coupent des ailes à certains canards : je fais allusion à un article du JDD qui estimait qu'il faudrait choisir entre les 35 heures et l'euro. Chez Bosch, on travaille 32 heures et sur l'année, les salariés travaillent moins qu'en France. Je ne parle pas des accords dans l'automobile où la moyenne hebdomadaire fluctue entre 29 et 32 heures. D'autre part, le coût horaire allemand est inférieur à celui pratiqué en France. Que l'on arrête donc de nous opposer des vérités qui n'en sont pas ! Nous avons sans doute des problèmes d'innovation, mais que l'on n'invoque pas les coûts salariaux ni la productivité : le numéro deux de Bosch nous a dit que l'usine française était la plus performante de son groupe.

Avec la réforme de la taxe professionnelle, des SCOT sont bloqués parce que le lien direct entre les entreprises et les collectivités a été coupé. Ces dernières refusent désormais de créer des zones d'activité et elles préfèrent définir des zones d'habitation. Je pense en particulier au SCOT du pays du Mans. Les communes n'acceptent plus les nuisances dans la mesure où elles ne percevront plus de recettes.

Tout le monde saute sur sa chaise comme un cabri en criant « Innovation ! Innovation ! ». Mais on vient de porter un coup bas aux jeunes entreprises innovantes dans la loi de finances. Ces entreprises ont besoin en moyenne de huit ans pour monter en charge. Or, on vient de ramener le délai d'aide à cinq ans : c'est un véritable scandale.

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