Intervention de Éric Besson

Mission commune d'information sur la désindustrialisation des territoires — Réunion du 15 décembre 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Eric Besson ministre auprès de la ministre de l'économie des finances et de l'industrie chargé de l'industrie de l'énergie et de l'économie numérique

Éric Besson, ministre :

Je ne cherche pas à nier la réalité, mais il y a un hiatus entre les données globales et ce que ressentent nos concitoyens sur le terrain. Il en va de même sur le plan macroéconomique : l'euro nous protège-t-il ou entrave-t-il la compétitivité de nos entreprises ? La France gagne à la mondialisation des échanges, c'est une certitude chiffrée, or - particularité française - nombre de nos élus et de nos concitoyens la vivent comme un risque...

L'industrie française a de grandes forces et de grandes faiblesses. J'essaie de dire la réalité de manière nuancée : il ne s'agit pas de vanter l'action du gouvernement, mais de présenter les actions qu'il prétend engager pour traverser la crise, être plus offensif et préparer l'avenir. J'accompagnais hier le Président de la République dans l'Eure, où il a annoncé des moyens considérables pour le successeur au lanceur Ariane 5. Nous sommes les seuls à consentir un tel effort !

Les pays qui avaient une industrie forte, ou relativement forte, comme la France et l'Allemagne, ont mieux traversé la crise que les économies dites « postindustrielles», basées sur les services financiers, comme la Grande-Bretagne.

La contribution directe et indirecte de l'industrie à l'emploi reste très importante, même si on peut regretter la fin du modèle des emplois intégrés ; il est indéniable que l'externalisation a des conséquences sociales. Enfin, 80% de nos exportations sont le fait de l'industrie ; en termes de recherche et développement, ce taux est de 90%.

Je ne cherche pas à enjoliver la réalité. Sur les technologies de rupture, sur l'innovation, nous avons un retard important. La Chine et l'Inde, mais aussi l'Indonésie, le Mexique, la Turquie auront pris une place significative en la matière d'ici 2025-2030. La France a manqué le virage des nanotechnologies, des biotechnologies, même si le retard est rattrapable. Face au développement du numérique, vous aurez des options importantes à prendre, sur le dividende numérique ou sur la « taxe Google » - qui taxera tout le monde sauf Google... Voulons-nous être les meilleurs fournisseurs de réseaux, utiliser des produits asiatiques et des services américains ? Il faut bâtir une stratégie pour le numérique.

Monsieur le président, je partage vos propos sur les territoires. La France compte beaucoup de zones de mono-industrie ; l'absence de mobilité des personnels et de formation tout au long de la vie y fait de la fermeture d'une entreprise une véritable catastrophe. C'est pourquoi nous avons créé le Fonds national de revitalisation des territoires (FNRT), qui intervient de façon ciblée.

J'employais le terme de « délocalisation » au sens de l'INSEE, mais il y a en effet d'autres mouvements, comme le global sourcing. Votre mission pourrait d'ailleurs utilement préciser quels sont les bons outils d'analyse pour apprécier les mutations.

L'industrie automobile française reste exportatrice nette. La prime à la casse a aussi profité à la production en France, qui a augmenté de 15% sur les neuf premiers mois de 2010. Vous connaissez les mesures prises par le gouvernement : outre la prime à la casse, les prêts aux industriels de 3 milliards d'euros, et la création du Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA).

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