a tout d'abord évoqué la situation au Darfour. Il a rappelé que ce territoire très enclavé de l'Ouest du Soudan, dont la superficie est supérieure à celle de la France, était le théâtre d'affrontements qui, depuis près de trois ans, avaient fait entre 200.000 et 300.000 morts et 2,5 millions de réfugiés et déplacés.
Il a souligné l'ampleur exceptionnelle de l'opération humanitaire en cours au Darfour où 12 à 13.000 agents humanitaires sont présents ainsi que des agences compétentes des Nations unies.
Le ministre des affaires étrangères a également évoqué l'extension de la crise du Darfour aux pays voisins, et notamment au Tchad.
Pour ce qui concerne le Darfour même, il a précisé que 7.000 soldats de l'Union africaine étaient présents sur place mais que, mal équipés, peu soutenus et surtout non payés depuis plusieurs mois, ils étaient peu disposés à l'affrontement avec des forces hostiles. Il a rappelé que le renforcement par les Nations unies de cette force africaine se déroulait en trois phases. La première phase, est terminée, la seconde est en cours. Le gouvernement soudanais vient d'accepter le démarrage de la troisième phase, dite de l'opération hybride Nations unies-Union africaine
Le ministre des affaires étrangères a rappelé que l'Union européenne avait apporté 265 millions d'euros pour le paiement des soldes et que, compte tenu notamment de règles administratives complexes, cet argent n'était pas encore intégralement parvenu aux soldats de l'Union africaine.
Après la phase 2, durant laquelle 3.000 personnels supplémentaires devaient être déployés, la troisième phase devrait être composée d'une force de 20.000 hommes. En dépit de la préférence du gouvernement soudanais pour le recours à des soldats africains, cette force devrait être composite. La Chine a aussi indiqué qu'elle allait envoyer 250 experts.
a relevé que le déploiement de l'opération hybride (ONU/UA) ne serait probablement pas possible avant 2008.
Evoquant la nécessité d'une solution politique et non seulement humanitaire à la crise, il a rappelé qu'à la différence du conflit nord-sud où les chrétiens du sud se sont affrontés aux musulmans du nord, le conflit du Darfour était un conflit pour la terre opposant des nomades musulmans arabes à des paysans noirs également musulmans.
Il a souligné la multiplication des groupes rebelles, passés de trois à dix-neuf depuis les négociations d'Abuja. Il a noté que le seul groupe rebelle signataire de l'accord d'Abuja avait rejoint le gouvernement et prenait une part très active aux affrontements.
Evoquant la réunion du groupe de suivi tenue à Paris le 25 juin 2007, il a rappelé que ses objectifs étaient de soutenir la politique de l'Union africaine et des Nations unies, d'inciter les groupes rebelles à prendre part aux négociations et à rejoindre la table des négociations, de rechercher des financements pour assurer celui de l'opération de l'Union africaine au Soudan (AMIS) avant sa relève par la Force hybride. Une nouvelle réunion se tiendra en septembre 2007, lors de l'Assemblée générale des Nations unies.
Il a souligné que la France avait pris une initiative sur les personnes déplacées, notamment en faveur des 200.000 Tchadiens qui ont fui la zone frontalière avec le Soudan et se trouvent dans une situation de grande vulnérabilité. Le Président tchadien, M. Idriss Déby, a accepté le principe qu'une force de protection soit déployée sur son territoire. Cette opération, qui bénéficierait d'un mandat des Nations unies, possèderait une double composante civile (policiers et gendarmes, majoritairement originaires du continent africain) et militaire. La composante militaire de la force pourrait être une opération européenne dans le cadre de la PESD, dans laquelle la France jouerait le rôle de nation cadre, 1.100 militaires français étant présents au Tchad. Plusieurs Etats européens ont fait part de leur intention de s'associer à cette initiative. La force de protection pourrait également contribuer à la reconstruction des villages avec l'aide de la Commission de l'Union européenne.
En conclusion sur ce thème, M. Bernard Kouchner a indiqué qu'il rencontrerait M. Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l'Union africaine, afin de lui rendre compte du déroulement de la réunion du 25 juin.
Evoquant ensuite la situation dans les territoires palestiniens, M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, a estimé qu'elle était préoccupante, en particulier dans la bande de Gaza où, après les affrontements meurtriers entre le Fatah et le Hamas et la prise de contrôle de ce territoire par ce dernier, plus d'un million de personnes essayaient de subsister dans des conditions dramatiques et un isolement quasi total, même si les livraisons d'eau, de nourriture et de médicaments avaient repris récemment et si Israël avait entrouvert ses frontières.
Estimant que la politique menée par Israël et la communauté internationale dans son ensemble portait aussi une part de responsabilité dans cette crise, M. Bernard Kouchner a considéré que, pour la communauté internationale, la première urgence était de conforter l'autorité et la légitimité du Président de l'Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, et du gouvernement de M. Salam Fayyad, et de relancer le processus de paix entre les Palestiniens et Israël.
Il a souligné que le président palestinien avait besoin de gestes concrets de la part d'Israël, au-delà de la libération de 200 prisonniers membres du Fatah et de l'annonce du déblocage d'une partie des fonds destinés à l'Autorité palestinienne, et d'un soutien politique et financier renforcé de la part de la communauté internationale.
Il a relevé l'unité de vue des Européens, réaffirmée lors du Conseil européen des 21 et 22 juin, et a indiqué que, dans le cadre du Quartet, la France devrait prendre des initiatives pour la relance du processus de paix et envoyer un message d'espérance à la population.
Au terme de l'exposé du ministre, un large débat s'est ouvert au sein de la commission.