Intervention de Bernard Kouchner

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 juin 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères et européennes

Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes :

a alors apporté les éléments de réponse suivants :

- le président en exercice de l'UA, Alpha Oumar Konaré, refuse par principe d'assister à toute réunion portant sur l'Afrique organisée sur un autre continent : c'est la raison de son absence à la réunion de Paris ;

- le Soudan n'y a pas été invité, car il s'agissait, non pas d'une conférence de paix, mais d'un sommet de soutien à l'action de l'ONU et de l'UA ; l'Union européenne a d'aileursailleurs déjà débloqué 265 millions d'euros en faveur de cette dernière. Outre la présence de Mme Rice, cette réunion a été marquée notamment par celles du Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, de M. Louis Michel, commissaire européen au développement, de M. Javier Solana, Haut Représentant de l'Union européenne pour la politique extérieure, ainsi que d'un haut représentant de la Chine ;

- les pays belligérants qui sont inclus dans un processus diplomatique spécifique, appelé Groupe de Tripoli, n'ont pas été invités à la réunion de Paris ;

- la France a dépensé, depuis 2004, 350 millions d'euros au bénéfice de l'est du Tchad, de la République centrafricaine et des actions humanitaires au Darfour ; elle vient de débloquer 10 millions d'euros supplémentaires pour financer l'AMIS. Il reste à l'ONU à assurer le financement de la future opération (Opération hybride ONU/UA), qui devrait mobiliser quelque 20.000 hommes sur le budget des OMP. La question se pose pour l'ONU de l'éventuelle prise en charge des arriérés de l'actuelle force de l'Union africaine, l'AMIS, et du renforcement indispensable du mécanisme de décaissement de ces fonds qui pourrait passer par l'établissement d'un audit permanent permettant de s'assurer de leur bonne utilisation. La France participe à hauteur de 25 % au Fonds européen de développement. Pour le développement du Darfour, il faudra solliciter des financements du Soudan lui-même, qui n'est pas un pays pauvre, du fait notamment de ses ressources pétrolières ;

- la Chine a évolué dans son attitude face au Soudan, ce qui s'est notamment traduit par l'envoi d'un de ses ministres au Darfour, pour y évaluer la situation humanitaire ; le ministre a salué la coopération et l'ouverture d'esprit qui prévalait dans les négociations ;

- les évaluations portées sur les capacités de l'AMIS sont assez réservées ; le Rwanda, qui est un pays contributeur de troupes dont il convient de souligner la discipline et l'efficacité, comme le Nigeria, seraient prêts à une plus grande implication si cette force était mieux organisée ;

- le Soudan venant de donner son accord au rapport conjoint ONU/UA sur une opération hybride au Darfour, la future force hybride sera placée sous le régime du chapitre VII de l'Organisation des Nations unies. Cela explique que le processus de mise en oeuvre de cet accord a requis un certain délai, car l'ONU a élaboré son plan en trois phases successives qui ont été chaque fois soumises au président soudanais Béchir.

Après avoir rappelé qu'il existait, en théorie, une zone d'exclusion aérienne au Darfour, M. Bernard Kouchner a indiqué que l'emploi de nos forces aériennes présentes à Abéché pourrait être évoqué. Il a indiqué que l'ONU a, d'ores et déjà, affrété de nombreux hélicoptères, notamment jordaniens, qui appuieront la future force hybride.

S'agissant des parachutages humanitaires, il a souligné qu'ils étaient limités par l'absence des organisations humanitaires au sol du fait des conditions de sécurité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion