Intervention de Luc Chatel

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 juin 2011 : 2ème réunion
Audition de M. Luc Chatel ministre de l'éducation nationale de la jeunesse et de la vie associative et de Mme Jeannette Bougrab secrétaire d'état chargée de la jeunesse et de la vie associative

Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative :

Le Président de la République affirmait en 2007 que l'avenir de la France passait par une politique déterminée en faveur de sa jeunesse, sous la responsabilité d'un ministère dédié, rattaché aujourd'hui au ministère de l'éducation nationale auquel est adjoint un secrétariat d'État chargé de la jeunesse. Le comité interministériel sur la jeunesse de janvier 2009 a défini sept piliers de l'action gouvernementale : l'orientation, la formation, l'emploi, le logement, la santé, la citoyenneté et la mobilité internationale. Le Président de la République a précisé ces orientations dans son discours « Agir pour la jeunesse », prononcé à Avignon en septembre 2009, promettant d'améliorer l'orientation au sein du système de formation, de lutter contre le décrochage scolaire dès 16 ans, de faciliter l'accès à l'emploi des jeunes, de les aider à s'assumer financièrement, et de favoriser l'avènement d'une génération engagée et autonome.

Un an et demi plus tard, toutes les mesures ont été mises en oeuvre ou amorcées. Mme Bougrab et moi-même oeuvrons dans un cadre délibérément interministériel. Nous avons par exemple créé le Fonds d'expérimentation pour la jeunesse, doté de 250 millions d'euros sur cinq ans - dont un quart provient du privé - afin de soutenir, d'accompagner et d'évaluer des projets relatifs à l'insertion professionnelle des jeunes : 400 expérimentations concernant la formation initiale, l'égalité des chances et la lutte contre les discriminations ont ainsi été financées. Je veux saluer le rôle des collectivités qui déploient ces projets. Ces expérimentations permettront de définir de bonnes pratiques vouées à être généralisées.

Cet exemple montre qu'il existe un lien étroit entre la formation et la politique en faveur de la jeunesse, d'où le rapprochement des ministères de l'éducation nationale et de la jeunesse. Une cinquantaine des expérimentations que j'ai mentionnées concernent la lutte contre le décrochage scolaire et la création de mini-entreprises.

Avant de lancer le plan « Agir pour la jeunesse », nous avons mené une large concertation qui a abouti au Livre vert ; elle a été complétée depuis par des études réalisées par la Fondation pour l'innovation politique (Fondapol), la Poste, l'Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) et l'Observatoire de la jeunesse. Ces enquêtes ont réfuté certains clichés : non, les jeunes ne sont pas repliés sur eux-mêmes, puisque la moitié d'entre eux considèrent que la mondialisation est une chance. Non, nous n'avons pas affaire à la « génération bof », consumériste et passive : les jeunes sont attachés à l'équité, et la plupart d'entre eux accordent au travail un rôle d'épanouissement. Non, ils ne recherchent pas tous la sécurité de la fonction publique : 4 % des 18-29 ans envisagent de créer une entreprise, et 61 % des étudiants veulent travailler en entreprise.

Je l'ai dit, nous voulons favoriser l'insertion professionnelle des jeunes. Or un jeune sans diplôme a trois fois plus de chances de se retrouver au chômage qu'un diplômé. Il faut aider les jeunes à conquérir leur autonomie et à bénéficier des évolutions contemporaines du monde du travail : ouverture internationale, essor des nouvelles technologies, croissance verte, développement de la solidarité. Il est indispensable d'élever le niveau moyen de qualification, conformément aux objectifs de Lisbonne. C'est le sens de la politique de personnalisation du système éducatif, de la diversification des voies d'excellence, de la réforme du lycée visant à rendre ses lettres de noblesse aux voies professionnelle et technologique, mais aussi à la série littéraire dans la voie générale ; le système d'orientation doit se déployer tout au long de la scolarité, et toute orientation doit être réversible.

C'est aussi le sens de la réforme de l'enseignement supérieur menée par Mme Pécresse : 39 milliards d'euros ont été consacrés à la modernisation de nos universités, 5 milliards à la rénovation des campus, c'est du jamais vu. Pour améliorer les conditions de vie des étudiants, nous avons augmenté de 20 % le montant des bourses à destination des moins favorisés, et augmenté de 20 % le nombre des bénéficiaires, qui sont 88 000 de plus. Nous avons aussi institué un dixième mois de bourse, et créé 40 000 logements étudiants de plus.

Pour soutenir l'aspiration à l'émancipation et à la solidarité, nous avons permis aux jeunes de seize ans de devenir auto-entrepreneurs et de créer une entreprise individuelle à responsabilité limitée, encouragé la création de mini-entreprises dès le collège et défiscalisé le travail étudiant. Vous aurez bientôt l'occasion de vous prononcer sur l'instauration d'une pré-majorité associative dès 16 ans, pour favoriser l'engagement.

J'en viens au service civique. Une étude de TNS Sofres pour l'Agence du service civique a montré que celui-ci répondait aux aspirations des jeunes, qui souhaitent s'engager au service de la nation. Les premiers volontaires ont été accueillis l'été dernier, 1 640 structures ont été agréées, et près de 9 000 jeunes ont déjà signé un contrat de service civique. Leurs origines sociales sont très diverses : pour un quart d'entre eux, ils ont un niveau de qualification inférieur au baccalauréat ; nous avons donc dépassé notre objectif de 20 % de jeunes peu ou pas diplômés. La proportion de jeunes femmes s'élève à 57 %. Entre 2007 et 2010, nous pouvions accueillir 15 000 volontaires du service civil ; nous pouvons en accueillir autant, rien qu'en 2011, pour le service civique. Nous veillons à ce que les missions proposées soient attractives et valorisantes, par exemple à l'étranger, et à ce que la mixité sociale soit respectée. Nous pensons aussi à l'après-service civique : Mme Bougrab a signé des chartes de valorisation avec de grands groupes industriels.

Le rôle du ministère de la jeunesse est de coordonner ces actions, et tenir l'information à disposition des jeunes, grâce au portail www.jeunes.gouv.fr qui sera accessible dès cet automne.

Nous célébrons cette année l'année européenne du bénévolat : pas moins de 200 projets nationaux et 3 000 projets locaux ont été labellisés.

Le Gouvernement n'a pas à rougir de sa politique en faveur des jeunes, ni au plan quantitatif et budgétaire, ni au plan qualitatif. Nous écoutons les aspirations de la jeunesse, et tâchons d'accompagner les jeunes, non de les assister, de leur donner une place dans la société, non de les installer pour stagner.

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