Intervention de Jeannette Bougrab

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 juin 2011 : 2ème réunion
Audition de M. Luc Chatel ministre de l'éducation nationale de la jeunesse et de la vie associative et de Mme Jeannette Bougrab secrétaire d'état chargée de la jeunesse et de la vie associative

Jeannette Bougrab, secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de la vie associative :

La politique de la jeunesse a un caractère fortement interministériel : le prochain comité interministériel du mois de septembre en témoignera. Nos objectifs sont les suivants : favoriser l'égalité des chances, l'accès à l'emploi, la citoyenneté et l'engagement, l'autonomie financière des jeunes, et protéger ces derniers contre leurs propres excès.

J'aimerais vous présenter deux dispositifs au service des jeunes des zones urbaines et rurales sensibles, qui rencontrent des problèmes d'intégration sociale. La première cause d'échec est le décrochage scolaire et universitaire ; à ce propos, M. le sénateur Demuynck vient de rendre un rapport très instructif à Mme la ministre de l'enseignement supérieur. Selon l'Observatoire national des zones urbaines sensibles, le taux de chômage des jeunes y est jusqu'à deux fois supérieur à la moyenne nationale - je rappelle que 24 % des Français de moins de 25 ans sont au chômage, contre 8,5 % des Allemands. Nous avons donc créé avec les préfets les cellules « jeunes, quartiers, entreprises » à l'échelle micro-locale. Il s'agit de favoriser des synergies entre des acteurs qui ne se rencontrent pas : l'État et le service public de l'emploi - Pôle emploi et les missions locales -, les collectivités territoriales, les partenaires sociaux qui ont conclu un accord sur l'accompagnement individuel renforcé de 65 000 jeunes, des associations comme l'Institut pour le mouvement sociétal (IMS), la Fondation Agir contre l'exclusion (FACE) ou l'Association pour le droit à l'initiative économique (ADIE), ou encore des entreprises locales ou nationales qui ont signé la Charte de la diversité née de l'initiative de MM. Sabeg et Bébéar, et des fondations d'entreprises. Ces cellules s'articulent avec les plateformes de lutte contre le décrochage mises en place par le ministère de l'éducation nationale, mais elles ne seront pas réservées aux décrocheurs : de jeunes diplômés ou des étudiants rencontrent des difficultés pour trouver un emploi parce qu'ils n'ont pas de réseaux ou parce que leur lieu de résidence est stigmatisé.

Les cellules sont polyvalentes et capables de s'adapter à la situation de chacun. Les plus désocialisés sont réorientés vers les écoles de la deuxième chance, les entreprises d'insertion, les associations ou les fondations d'entreprises. Les jeunes peu ou pas diplômés peuvent s'adresser aux chambres des métiers ou aux centres d'apprentis. Les diplômés dépourvus de réseaux peuvent s'appuyer sur des associations comme l'IMS ou « Nos quartiers ont des talents », et sont informés des forums organisés par les entreprises. L'un des rôles des cellules est aussi de susciter la création d'entreprises et notamment de micro-entreprises.

C'est aussi pour favoriser l'initiative économique que nous comptons créer un fonds de microcrédit pour les jeunes, doté de fonds privés, et susceptible d'accorder des prêts compris entre 10 000 et 30 000 euros. J'entends m'inspirer du fonds d'investissement « Business angels des cités » (BAC) créé par M. Aziz Senni et plusieurs dirigeants de grands groupes, qui ont réussi à réunir en trois ans plus de 15 millions d'euros pour le développement d'entreprises dans les quartiers ; les prêts alloués s'échelonnent entre 50 000 et 1 million d'euros. La pérennité du fonds est assurée par un retour raisonnable sur investissement. Notre projet est plus modeste, mais je compte m'appuyer sur une expérience financée par le ministère de la jeunesse et sur des associations exemplaires comme l'ADIE. Grâce au microcrédit - dont nous venons de célébrer la semaine -, il s'agit de favoriser l'avènement d'une nouvelle génération d'entrepreneurs, notamment dans le secteur d'internet.

Ces deux projets ont l'avantage de s'appuyer sur des dispositifs existants et de ne pas nécessiter de nouveaux financements de la part de l'État ou des collectivités. La première cellule « jeunes, quartiers, entreprises » a été créée à Asnières-Gennevilliers, la deuxième le sera à Bondy la semaine prochaine, et la troisième dans le Nord en juillet. Après une phase d'essai, nous envisageons une généralisation dans toutes les zones urbaines et rurales sensibles.

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