En réponse à ces interventions, Mme Anne Lauvergeon a tout d'abord fait valoir que l'hypothèse d'une accélération de l'effort américain en matière nucléaire constituait avant tout une opportunité pour son entreprise, dans la mesure où ce développement était basé sur l'utilisation des technologies disponibles les plus performantes, pour lesquelles Areva figure aux premiers rangs. S'agissant des transferts de technologies en direction de la Chine, elle a rappelé que le savoir-faire en matière d'énergie nucléaire était difficile à imiter, car il repose sur la maîtrise de plusieurs processus extrêmement pointus. A ce titre, elle a rappelé qu'après vingt ans de coopération et de transferts de technologies, la Chine n'était toujours pas en mesure de fabriquer des réacteurs de 1.000 mégawatts et qu'elle se limitait à la production de réacteurs de 600 mégawatts. Mme Anne Lauvergeon a toutefois estimé que, dans 25 ans, la situation serait probablement différente et qu'elle se caractériserait par l'émergence d'un acteur chinois jouant un rôle majeur sur le marché mondial.
S'agissant de la structure du capital d'Areva, elle a fait valoir que le statu quo n'était pas nécessairement à privilégier dans la mesure où, en dehors des cas français, russe et chinois, les constructeurs de réacteurs nucléaires étaient des sociétés privées et parfois même des entreprises de taille moyenne (telles que Cameco) et qu'une ouverture du capital d'Areva lui semblerait très utile pour rendre la structure de bilan de l'entreprise plus compatible avec ses projets de développement. Par ailleurs, elle a estimé qu'il était tout à fait légitime et souhaitable de protéger les industries stratégiques, notamment par le système de la « golden share », qui permet par exemple de limiter l'acquisition de parts significatives de certaines sociétés par des investisseurs étrangers, sur décision de l'Etat, même lorsque ce dernier n'est pas actionnaire de ces entreprises. Elle a rappelé que ce type de règles avait été établi pour Thalès.
Ensuite, elle a abordé la question des déchets nucléaires en indiquant, à titre personnel, qu'elle considérait la solution adoptée par la Finlande à la quasi-unanimité du Parlement comme un excellent exemple, à savoir : la sélection d'un site national où il est procédé au stockage de l'ensemble des résidus avec une clause de réversibilité jusqu'en 2050, afin de donner le temps nécessaire au progrès scientifique, après quoi, il sera éventuellement décidé de la fermeture définitive du site.
S'agissant des risques liés à la sûreté dans les pays en développement, elle a rappelé qu'Areva avait pour principe de n'intervenir que dans des pays dotés d'autorités de sûreté les rendant capables d'appliquer strictement les règles de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Elle a ainsi précisé qu'une coopération avec l'Iran n'était pour elle envisageable que si ce pays s'inscrivait dans le cadre des pratiques et des obligations internationales, tout en notant que la question de la non-prolifération de l'arme nucléaire était assez largement dissociée de celle de la construction d'une capacité nucléaire civile.
s'est aussi félicitée des appréciations portées par les membres de la commission quant à la meilleure acceptabilité de l'énergie nucléaire et au rôle qu'Areva a pu jouer en ce sens. Elle s'est déclarée désireuse de poursuivre ce travail, notamment s'agissant des inquiétudes du public vis-à-vis des rayonnements électromagnétiques.