a indiqué qu'il a participé à l'élaboration du rapport de l'Institut Montaigne sur « Les oubliés de l'égalité des chances », ayant notamment donné lieu à la rédaction de la Charte de la diversité. Ce travail a été poursuivi par une réflexion sur les moyens de favoriser l'intégration au niveau des entreprises et par la réalisation d'un rapport intitulé « Les entreprises aux couleurs de la France ». Les propositions contenues dans ce rapport ont deux finalités : d'une part, rétablir dès aujourd'hui l'égalité des chances, d'autre part, prévenir les difficultés de demain. Elles s'appliquent à deux grands domaines : l'entreprise ; l'école et les instituts de formation.
Pour les entreprises, la question centrale est celle de l'intégration des citoyens issus des minorités visibles, dans l'intérêt même des entreprises. Les discriminations à l'embauche sont réelles et appellent des solutions. L'anonymisation des curriculum vitae n'est pas une mesure miracle, mais elle peut être utile pour les grandes entreprises. Cette pratique, qui est systématique en Grande-Bretagne, permet de rétablir l'égalité des chances pour l'accès au premier entretien. Il ne paraît toutefois pas souhaitable de légiférer sur cette question qui relève avant tout des entreprises. Pour les stages, aucune législation nouvelle ne paraît nécessaire ; en revanche, un mécanisme permettant de responsabiliser les établissements de formation et les entreprises qui signent des conventions ou contrats serait utile.
La réalisation d'une photographie statistique de l'entreprise afin de mesurer l'efficacité des politiques d'intégration serait une bonne chose. Diverses méthodes sont possibles, mais il s'agit d'une question sensible.
Pour favoriser le premier entretien pour les jeunes diplômés issus des quartiers difficiles, une cellule expérimentale a été mise en place ; son principe et son organisation sont aujourd'hui repris par l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE). Pour permettre l'émergence d'une élite entrepreneuriale plus diversifiée, quelques fondations privées ont été créées avec comme finalité le versement de bourses par exemple à des jeunes ayant obtenu le bac avec mention bien ou très bien ; ces initiatives pourraient être intensifiées, en particulier à l'échelon local.
Pour l'accès aux grandes écoles, une récente prise de conscience de l'insuffisante diversification sociale du recrutement a conduit à des initiatives comme celles de l'école nationale supérieure des arts et métiers ou de l'Institut des études politiques de Paris ; ces expériences méritent d'être analysées et reprises dans d'autres secteurs. En ce qui concerne l'entrée dans les écoles de commerce, le constat d'une nécessaire réduction des différences culturelles a conduit à des expérimentations dans le domaine de l'apprentissage ou l'organisation de séjours longs dans des universités étrangères afin de combler ce décalage.
Toutefois, M. Daniel Laurent est convenu que les racines du problème se situent à l'école. Il a préconisé, d'une part, un débat approfondi sur les zones d'éducation prioritaire (Zep) afin de leur donner davantage de moyens et d'accorder plus d'autonomie aux équipes locales, d'autre part, un intérêt plus marqué pour les écoles primaires, car il sera possible de créer des établissements publics locaux d'enseignement, conformément à la dernière loi de décentralisation lorsque le décret d'application attendu sera pris.
De même, en ce qui concerne l'apprentissage, il a regretté que la possibilité ouverte par la loi Giraud de 1993 de création de sections d'apprentissage dans les établissements scolaires, ne soit pas utilisée. Enfin, il a estimé que trop d'étudiants s'engagent dans des formations sans issue et que les étudiants mal orientés sont souvent issus des minorités. Il faudrait plutôt accroître le nombre des places disponibles en instituts universitaires de technologie (IUT) et brevets de technicien supérieur (BTS), notamment dans le cadre de l'apprentissage, en lien plus direct avec les offres du marché de l'emploi.