Intervention de Leonard Orban

Commission des affaires culturelles, familiales et sociales — Réunion du 9 octobre 2007 : 1ère réunion
Union européenne — Audition de M. Leonard Orban commissaire européen chargé du multilinguisme

Leonard Orban, commissaire européen chargé du multilinguisme :

a rappelé que l'Union comptait vingt-sept Etats membres et vingt-trois langues officielles, sans compter les langues régionales et minoritaires. Il a estimé que si toutes n'avaient pas le même rayonnement, elles avaient toutes la même légitimité et une égale dignité, la langue parlée par une personne faisant partie intégrante de son identité et étant l'expression directe de sa culture. La diversité des langues ne doit ainsi pas être perçue comme un obstacle à la construction européenne mais comme un droit du citoyen et une richesse collective.

Il s'est donc félicité de la position de la France qui plaide en faveur du principe de l'égalité de toutes les langues de l'Union européenne. La politique du multilinguisme a connu une accélération notable au cours des dernières années, notamment sous l'impulsion du président Barroso. Cette évolution a été renforcée avec la création, en janvier 2007, d'un portefeuille spécifique consacré au multilinguisme.

a expliqué qu'en février 2007, il avait présenté au Parlement européen les lignes directrices de son action. Le Conseil européen de Barcelone de 2002 avait en effet fixé pour objectif que chaque citoyen apprenne au moins deux langues étrangères. Dans cette perspective, la Commission a lancé un plan d'action pour l'apprentissage des langues et la diversité linguistique, l'idée étant d'avoir un apprentissage tout au long de la vie. Le rapport sur la mise en oeuvre de ce plan d'action vient d'être publié. L'implication de la France, dont la réforme du système éducatif a permis de donner plus de place aux langues étrangères, a été très active sur le dossier. Il a remarqué, au demeurant, que l'expérience française figurait parmi les bonnes pratiques recensées par la Commission.

Mais M. Leonard Orban, commissaire européen chargé du multilinguisme, a insisté sur le fait que l'apprentissage des langues, utile sur le plan culturel, l'est également sur le plan économique, dans la mesure où il permet d'accroître la mobilité des travailleurs et est un moyen d'augmenter la compétitivité des entreprises. Il est aussi prouvé que des opportunités commerciales ont été inexploitées en raison de barrières linguistiques. Ayant récemment organisé une conférence intitulée « les langues font nos affaires », il a constaté qu'il ne suffisait pas de maîtriser l'anglais, et que la connaissance d'autres langues était indispensable, notamment dans les nouveaux Etats membres. Il a donc créé un forum pour les entreprises et installé un groupe d'intellectuels, présidé par le franco-libanais Amin Maalouf, chargé de définir la contribution du multilinguisme à l'année européenne du dialogue interculturel en 2008. La journée européenne des langues, qui existe depuis 2001, vise précisément à sensibiliser les citoyens à l'apprentissage des langues. Il s'est félicité que, lors de la dernière célébration de cette journée, le 26 septembre 2007, le cybertrophée des langues ait été attribué au Sénat français pour son site Internet traduit en anglais, en allemand, en italien, en espagnol, en portugais, et même en arabe et en chinois. Il a également rendu hommage à l'Assemblée nationale qui développe aussi un site multilingue.

a déclaré ensuite qu'une conférence interministérielle serait organisée en 2008 pour préparer des actions sur la question de l'avenir des langues en Europe. Une consultation citoyenne est d'ores et déjà ouverte sur Internet concernant l'avenir des langues en Europe. Pendant la présidence française de l'Union, il présentera une nouvelle stratégie sur le multilinguisme dans l'Union européenne en insistant sur la complémentarité avec les autres politiques communautaires : politique culturelle, emploi et cohésion sociale. Il espère ainsi que la présidence française sera une opportunité pour renforcer la coopération entre la France et la Commission européenne.

Citant Stendhal, selon lequel « le premier instrument du génie d'un peuple, c'est sa langue », il a reconnu l'intérêt des efforts français pour préserver la place de leur langue, mais il a rappelé qu'en tant que commissaire européen chargé du multilinguisme, il ne lui appartenait pas de prendre position en faveur de telle ou telle langue, et que son soutien aux autorités françaises s'inscrivait dans le cadre de leur promotion du multilinguisme.

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