Intervention de Roselyne Bachelot-Narquin

Commission d'enquête sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le Gouvernement de la grippe A — Réunion du 30 juin 2010 : 1ère réunion
Audition de Mme Roselyne Bachelot-narquin ministre de la santé et des sports

Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports :

a relevé un cinquième point positif : la rapidité avec laquelle l'Institut Pasteur a mis au point, dès le 5 mai, un test diagnostic fiable, permettant de pister la pandémie. Sixième point positif : la mobilisation de l'appareil d'Etat. Elle s'est rendue dans de nombreux centres de vaccination. On peut toujours gloser sur ces centres. Il reste que c'étaient des structures non pérennes, surgies de terre dans l'urgence, où quantité de professions et de gens différents, bénévoles ou non, se sont réunis et mobilisés de tout leur coeur. Ces centres ont parfaitement fonctionné dans 90 % des cas, et lorsqu'il y a eu des dysfonctionnements, ils ont été réparés en une semaine. On peut donc rendre hommage aux personnels qui les ont fait fonctionner.

Tous ces points positifs donnent confiance dans la capacité de la France d'affronter un jour une pandémie plus grave.

Bien entendu, a-t-elle ajouté, quelques points sont améliorables. On peut noter d'abord, à cet égard, la difficulté à communiquer avec la population et les médecins. L'on n'a pas suffisamment tenu compte du fait que les nouvelles techniques de communication permettent désormais à n'importe quel « expert » autoproclamé de raconter n'importe quoi, si bien que sa voix pèse autant que celle d'un grand scientifique : toute hiérarchie entre les émetteurs a disparu.

Elle a, pour sa part, toujours voulu tenir un langage de vérité et adapter sa communication aux marges d'incertitude de la situation. Mais, dans la communication, l'effort de vérité se retourne parfois contre l'émetteur. Il faudrait savoir responsabiliser nos concitoyens sans être anxiogène.

Autre point négatif : certains professionnels de santé se sont estimés mal informés. Ils n'étaient donc lecteurs d'aucun quotidien, récepteurs d'aucun média ? Sans parler des lettres adressées personnellement à chaque médecin du site du ministère, des réunions organisées par les préfets.

Il faut aussi rétablir la confiance entre les experts et l'opinion. Les experts sont irremplaçables et ils pourraient nous faire défaut demain. On leur a fait tant de procès en incompétence, on a tellement mis en cause leur honorabilité que l'on peut craindre qu'ils refusent de s'engager lors d'une prochaine pandémie.

Il faut aussi travailler sur l'acceptation de la vaccination. Il faut réfléchir à l'organisation d'une éventuelle vaccination de grande ampleur.

Au total, il faut conserver une capacité d'adaptation et de remise en cause : en cas de crise, il faut un plan mais aussi de la souplesse. Il faut savoir s'extraire des « cathédrales administratives ». Peut-être nos compatriotes auraient-ils préféré voir appliquer un « grand vrai plan » : elle a préféré la vérité, l'adaptabilité et l'éthique.

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