Intervention de Denis Pajaud

Commission d'enquête sur l'immigration clandestine — Réunion du 22 février 2006 : 1ère réunion
Audition de M. Denis Pajaud commissaire divisionnaire chef de l'office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre ocriest

Denis Pajaud, commissaire divisionnaire, chef de l'Office central pour la répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (OCRIEST) :

a tout d'abord rappelé que l'OCRIEST avait été créé en 1996 au sein de la direction centrale de la police aux frontières pour répondre au développement de filières d'immigration irrégulière structurées.

Il a indiqué que cet office, composé d'une centaine de personnes à ce jour et de cent vingt à échéance de septembre 2006, avait trois principales missions :

- une mission opérationnelle consistant à démanteler en propre des filières, le cas échéant avec l'appui ou en co-saisine avec d'autres services de la police ou de la gendarmerie nationale ;

- une mission de coordination au niveau national et international de la lutte contre l'immigration clandestine ;

- une mission d'analyse des phénomènes migratoires irréguliers.

Concernant la mission de coordination, il a souligné la part croissante de la coopération internationale, très souvent à l'initiative de la France.

Il a ensuite fait le bilan de l'activité de l'OCRIEST, indiquant que :

- depuis 1996, 173 filières d'immigration clandestine et 188 structures employant des étrangers sans titres avaient été démantelées et 3.300 personnes placées en garde à vue ;

- en 2005, 12 filières avaient été démantelées, ainsi que cinq structures employant des étrangers sans titre.

Il a précisé que l'OCRIEST s'attachait à démanteler simultanément les filières ainsi que les structures d'emploi alimentées par celles-ci.

Il a expliqué que les filières d'immigration clandestine étaient une des formes importantes de la criminalité organisée et étaient souvent associées avec d'autres formes de criminalité organisée comme la prostitution, la production de faux documents, le blanchiment d'argent, voire le terrorisme.

Il a enfin tenu à souligner la dimension transnationale de ces filières et la nécessité de les démanteler entièrement, du pays source au pays de destination. Il a remarqué que cette approche, qui requiert des enquêtes longues et complexes, n'était pas toujours partagée par nos partenaires.

A cet égard, il a évoqué le démantèlement, il y a quelques années, des filières irako-kurdes qui alimentaient le centre de Sangatte. Il a indiqué que, si ces filières avaient pu être démantelées en France à l'époque, elles s'étaient toutefois reconstituées très rapidement faute d'actions conjointes dans plusieurs pays, notamment au Royaume-Uni et en Italie.

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