Je l'ignore, mais on manque de candidates ! Les femmes ne représentent que 15 % des cadres des fédérations. Les entraîneurs femmes ont pourtant une approche intéressante, et favorisent la mixité.
Les femmes, a fortiori les mères de famille, manquent aussi de temps pour assumer des responsabilités dans les institutions sportives, sachant que les réunions, souvent longues, se tiennent généralement le soir ou le week-end. Dans les comités directeurs des associations, elles occupent souvent des postes en retrait - secrétaire, trésorière - où elles ne risquent pas de faire d'ombre à quiconque ! Il faut les encourager à oser. Nous avions ainsi proposé de parrainer les femmes qui souhaitaient prendre des responsabilités dans les associations. Le problème, c'est le manque de volontaires ! Pourtant, une fois entrées, elles se révèlent pragmatiques, et leur engagement associatif est plus long que celui des hommes.
La mixité est importante, car les femmes jettent une autre lumière sur les attentes des adolescentes. En effet, celles-ci sont moins attirées par les sports classiques de compétition, davantage par l'aspect ludique. Or les éducateurs, formés à une pratique intense, manquent de patience ! La direction technique nationale du tennis mène une réflexion sur l'entraînement des jeunes filles : même au Pôle Espoirs, les filles aiment papoter sur le banc, quand les garçons tapent dans la balle pendant des heures ! Il faut former des éducateurs, et étudier les attentes des jeunes filles. Aucune étude spécifique n'existe sur ce sujet, et il est difficile de trouver des chiffres...
Autre frein à la pratique féminine, les équipements sportifs sont saturés, et concernent les sports « traditionnels ». En outre, les créneaux horaires sont déjà occupés par les équipes masculines : à Dreux, de jeunes footballeuses avaient obtenu un terrain... de 20 heures 30 à 22 heures ! On fait aujourd'hui des équipements tellement fonctionnels qu'on en oublie la convivialité, le plaisir. Pourquoi ne pas développer les pratiques croisées, familiales, en organisant par exemple des cours de gym pour les mères pendant l'entraînement des enfants ? Certaines collectivités mettent en place des dispositifs intéressants, qui mériteraient d'être cités en exemple. La créativité des associations est impressionnante !
Je suis favorable à l'instauration de quotas dans les fédérations, non par philosophie mais par pragmatisme : il faut que les femmes prennent toute leur place, et convainquent par l'exemple. Nous avons besoin de tutorat, de quotas, de contrôle. Le ministère des sports pousse d'ailleurs les fédérations dans cette direction - mais où placer le curseur ? Il manque enfin un réseau d'entraide de femmes dirigeantes.
Dans certaines banlieues sensibles, le communautarisme fait reculer la pratique sportive des femmes. Les rares études statistiques montrent que les adolescentes des quartiers ne pratiquent guère. On s'est aperçu que les crédits consacrés à la politique sportive bénéficiaient en quasi totalité aux sections masculines. S'il n'y a pas de quotas, seuls des garçons s'inscriront à un stage multisports organisé pendant l'été...
Le sport, c'est l'épanouissement personnel, l'apprentissage de la sociabilité, l'appropriation des valeurs de la société. Le sport prend toute sa dimension quand il est pratiqué à plusieurs ! Dans cette microsociété, on apprend la tolérance, la coopération. Il faut favoriser la pratique des jeunes filles, par exemple en facilitant le transport, mais je suis hostile à une pratique exclusivement féminine, aux créneaux réservés dans les piscines : c'est tout le contraire du sport comme lien social !
Il reste encore beaucoup à faire, à inventer, qu'il s'agisse du sport en famille, du sport mixte ou des nouvelles pratiques.