En tout cas, cette question mériterait de faire rapidement l'objet d'un débat à l'échelon européen. En effet, si nous souhaitons que l'Europe devienne réellement une union des peuples sans cesse plus étroite, nous devons prendre le temps de la réflexion.
Madame la ministre déléguée, mes chers collègues, le groupe UMP est donc, vous l'aurez compris, favorable, et même très favorable à l'adhésion à l'Union européenne de la Bulgarie et de la Roumanie, ainsi d'ailleurs qu'à celle de la Croatie ultérieurement. Cependant, nous estimons qu'à cet élargissement doit succéder une pause, peut-être même une longue pause. La réflexion devra donc porter désormais sur la question des frontières de l'Union européenne, toute absorption ou intégration nouvelle étant liée à l'environnement institutionnel que se donnera cette dernière. Ce sera le principal enjeu des prochaines années.
En conclusion, je voudrais revenir sur l'histoire et la géographie, qui marquent les peuples.
Au-delà des réflexions qui nous conduisent à dire « oui » à la ratification du traité relatif à l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l'Union européenne, nous avons plaisir à souligner, en présence de nos amis bulgares et roumains, la vocation culturelle et européenne de ces deux pays.
Tout d'abord, la Roumanie est une île de latinité dans un océan slave. L'étymologie du nom de ce pays renvoie à Rome, car le mot « Romania » a longtemps désigné toute la partie orientale de l'empire romain. Plus d'un quart de la population roumaine comprend et parle le français, en partie grâce à l'héritage latin commun à nos deux langues.
La Roumanie est francophone et vient d'ailleurs, comme vous l'avez très justement souligné, madame la ministre déléguée, d'accueillir le XIe sommet de la francophonie. Il m'est d'ailleurs agréable de relever que, grâce à l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, la francophonie sera majoritaire au sein de l'Union européenne, regroupant quatorze pays sur vingt-sept. Ce sommet a été un grand succès, tout le monde le reconnaît. Il s'agit d'un événement important, puisque c'était la première fois qu'un sommet de la francophonie se tenait en Europe dans un pays autre que la France. Nous remercions donc la Roumanie d'avoir prouvé, une fois de plus, son talent.
Quant à la Bulgarie, c'est un creuset européen dont la fondation remonte à l'an 681. À cet égard, je voudrais évoquer, par exemple, la ville de Plovdiv, que l'on appelait la « Babylone des Balkans », cité heureuse où Bulgares, Grecs, Tziganes, Juifs, Albanais, Turcs, Arméniens vivaient en harmonie... Si ce n'est pas là un bel exemple européen, je ne sais pas ce que c'est !
Dans son livre Le Pentateuque ou les cinq livres d'Isaac, Angel Wagenstein, célèbre auteur bulgare qui vécut en exil à Paris, raconte l'histoire d'un petit tailleur de pierre de Galicie, Isaac Blumenfeld.
« - Ah ça, j'en ai vu du pays ! s'exclame Isaac Blumenfeld. Autriche-Hongrie, Pologne, Union soviétique, Allemagne...
« - Ah bon ? Tu as visité tous ces coins ? s'étonne Mendel.
« - Pas du tout, je n'ai jamais quitté mon village ! »
À la faveur de la valse des frontières, Isaac Blumenfeld aura changé cinq fois de nationalité, ballotté au gré des vagues de l'histoire. Aujourd'hui, l'histoire remet ces deux pays européens au coeur de l'Europe, au sein de l'Union européenne, et nous nous en réjouissons.