Intervention de Yazid Sabeg

Commission des affaires sociales — Réunion du 11 mars 2009 : 1ère réunion
Audition de M. Yazid Sabeg commissaire à la diversité et à l'égalité des chances

Yazid Sabeg, commissaire à la diversité et à l'égalité des chances :

a affirmé la nécessité d'apprendre, dès l'école primaire, l'évolution des caractéristiques du peuplement de la France. Les différences d'origines sont en effet davantage perçues par les citoyens qui subissent les discriminations que par les autres. Comparant l'appréhension historique du peuplement de la France à celle qui prévaut aux Etats-Unis, il a souhaité que l'on puisse désormais aborder ces questions de façon claire et objective. Il a rappelé l'existence de textes protecteurs dans ce domaine des origines, la France ayant légiféré dès 1978 en la matière. Il faut se garder d'utiliser des euphémismes qui ne permettent pas de mesurer la réalité des discriminations qui subsistent en France. Pour autant, il s'est déclaré résolument hostile à l'utilisation, inacceptable à son sens, du patronyme des individus pour les classifier. Avoir recours à l'origine des parents est tout aussi scandaleux et contraire aux règles républicaines, dès lors qu'on n'est plus étranger dès la seconde génération. En outre, appartenir à une communauté ne signifie pas que l'on n'adhère pas aux principes républicains, l'exemple américain et la récente élection de Barak Obama en témoignent. Ce débat doit impérativement être abordé avec rigueur et tempérance.

En réponse à M. Nicolas About et Mme Christiane Demontès, M. Yazid Sabeg est convenu de la nécessité absolue de maintenir les écoles maternelles et d'identifier dès que possible les difficultés d'apprentissage des élèves les plus fragiles, par exemple en repérant les cas de dyslexie. Il a souligné l'intérêt des projets de réussite éducative, mis en oeuvre dans le cadre du plan de cohésion sociale par Jean-Louis Borloo, et qui permettent de suivre des cohortes d'élèves sur plusieurs années en veillant à l'acquisition des savoirs fondamentaux.

En ce qui concerne la formation des personnels enseignants et d'encadrement des lycées et des collèges, il a évoqué l'expérience menée à L'Haÿ-les-Roses et à Créteil de recrutements sur profil d'expérience. Il a également plaidé en faveur du développement, autour de chaque établissement, d'associations parascolaires, ayant constaté qu'elles favorisent la réussite des élèves (parrainage par les anciens élèves, activités culturelles, voyages extrascolaires, mobilisation des parents d'élèves, ...). Enfin, il a jugé préférable que les professeurs débutants ne soient pas nommés d'emblée dans les quartiers sensibles.

En ce qui concerne le renforcement de la voie professionnelle scolaire, M. Yazid Sabeg est convenu de la nécessité de créer des passerelles entre le monde de la formation en alternance et les lycées professionnels. Dès lors que seuls 20 % des élèves titulaires d'un bac professionnel poursuivent des études supérieures, il a proposé le développement de classes préparatoires réservées aux élèves des filières professionnelles et techniques. Il a ainsi évoqué l'ouverture prochaine, au lycée Louis-le-Grand, d'une classe préparatoire technique pour les élèves titulaires d'un bac STI (sciences et technologies industrielles).

En réponse à Isabelle Debré, il a précisé que l'obligation de recrutement d'au moins 5 % de salariés en alternance serait assortie d'un système de bonus-malus : en cas de respect de cette obligation, l'Etat assurera la prise en charge financière des tutorats ; à l'inverse, l'entreprise sera tenue de verser à un fonds de solidarité une pénalité calculée au prorata des effectifs manquants sur la base d'une somme correspondant à 2 % de la masse salariale.

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