Intervention de Rémy Pflimlin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 12 juillet 2010 : 1ère réunion
Audition de M. Rémy Pflimlin candidat proposé à la nomination à la présidence de la société france télévisions

Rémy Pflimlin :

Sur la question de la publicité, j'attache beaucoup d'importance aux suites qui seront données au rapport du gouvernement au Parlement. Si la garantie de ressources pérennes sur la durée est inscrite dans la loi, alors, la suppression de la publicité pourra devenir la clé de l'offre éditoriale, car il deviendra possible de faire des choix de programmes non pas pour optimiser des cibles mais pour répondre à des missions. S'il s'agit donc de dire que les missions de service public sont d'une importance telle qu'elles appellent une vision dynamique et pérenne en matière de ressources, je vous rejoins. En revanche, si l'on se contente de supprimer la publicité et de trouver ensuite des palliatifs bancals, je dis que cela mettrait en péril l'entreprise, et je ne saurais y souscrire.

La suppression de la publicité peut être une chance pour le service public. Sa suppression après 20 heures a déjà amené des progrès considérables dans la conception des programmes, que n'auraient jamais pu se permettre, il y a cinq ou dix ans, mes prédécesseurs, qui se seraient vite trouvés confrontés, pour peu que l'audience ne fût pas au rendez-vous, à l'absolue nécessité de retrouver des ressources financières...

C'est à la lumière de ces questions qu'il faut envisager le contrat d'objectifs et de moyens. Cela me pose problème que le contrat actuel prenne fin en 2012. Il me paraît important qu'une renégociation ait lieu sur un contrat de mandature, courant sur la période 2010-2015, autour d'objectifs, soumis à débat, que j'ai à proposer pour structurer le développement de l'entreprise. Mais cela suppose que la question de la publicité soit réglée.

La question de la circulation des oeuvres, dès lors que l'on développe les supports, devient encore plus cruciale. Nous devrions pouvoir travailler avec des chaînes coproductrices, pour une circulation plus fluide. Il faut que les oeuvres soient vues le plus largement possible. Je suis, de ce point de vue, dans la même logique que les équipes de France Télévisions, même si j'estime qu'une plus grande rapidité dans la prise de décision s'impose.

Vous m'avez interrogé sur le GR1 et les chaînes locales. La gestion des multiplexes locaux doit être prise en compte dans une perspective d'optimisation dans les territoires, mais aussi de mise en commun des moyens techniques - parmi lesquels j'inclus aussi les moyens de captation. Nous avons, en régions, des équipes dotées d'outils performants : une optimisation des moyens est possible.

La différenciation des chaînes est fondamentale : elle est ce qui légitimera le bouquet et permettra de proposer une offre plus large.

Mme Morin-Desailly m'a interrogé sur le règlement intérieur et le comité stratégique. Le conseil d'administration est le lieu où doivent être posées les questions stratégiques essentielles. Il faudra bien peser les décisions, en tenant compte du caractère très rapide, dans le monde qui est le nôtre, des évolutions. Sur les engagements les plus lourds, nous devrons avoir un débat au sein du conseil. Je sais par expérience qu'il existe sur certains contrats, notamment les contrats sportifs, des éléments de négociation confidentielle. Prôner une transparence totale serait nous couper les ailes face à des négociateurs avertis...

En matière d'information, j'estime que les rédactions doivent rester propres à France 2 et à France 3. Nous avons besoin de journaux dotés de lignes spécifiques. C'est l'utilisation des moyens techniques qu'il faut optimiser, précisément pour permettre à chaque rédaction de définir une ligne claire et spécifique.

J'en viens à la question du média global : je souhaite nommer à mes côtés un patron du numérique, qui, avec les fonctions de directeur général, sera chargé de coordonner les choix techniques et les initiatives, pour leur donner force et cohérence, alors qu'aujourd'hui, les équipes, éclatées, restent en marge. Le numérique doit entrer au coeur de l'entreprise : c'est une responsabilité devenue essentielle dans sa stratégie.

Les web télés régionales sont à mon sens une très bonne idée, mais comme prolongement et comme complément aux programmes régionaux, qui doivent se développer sur les antennes. Il y a quatre grands pôles, avez-vous dit, madame Morin-Desailly. Depuis cinq ans que j'ai quitté France 3, il s'est passé beaucoup de choses : je veux, modestement, y voir de près. Il faut trouver des régions de référence, possédant une réalité économique et culturelle, tout en cultivant le développement d'une information de proximité, avec une industrie de programmes adaptée à chaque région.

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