J'aimerais revenir sur la question de l'indépendance. La loi nous permet de nous prononcer non sur votre nomination, monsieur, mais sur le choix du Président de la République, qu'il s'agit plus précisément de valider ou bien de refuser par une majorité des trois cinquièmes, ce qui serait un cataclysme que personne n'attend, pour un Président de la République pourtant mal en point... Pour beaucoup d'entre nous, notre présence s'explique donc principalement par un souci de courtoisie à votre égard. Du reste, dans la presse, j'ai constaté que votre nomination était tenue pour acquise après votre passage au CSA : c'est dire le peu de cas que l'on fait du Parlement !
Vous dites que l'indépendance s'apprécie au vu d'un bilan professionnel, je vous l'accorde, en espérant que vous échapperez à cette mode qui fait primer en tout le souci de plaire à celui qui vous a nommé ! J'espère aussi que vous éviterez ce que j'appellerai le syndrome de Radio France. Nous avons reçu Jean-Luc Hees, il nous a donné des assurances comparables aux vôtres, sur son indépendance. Il n'empêche : quand un humoriste est écarté, l'opinion publique ne peut manquer de soupçonner une entrave à l'indépendance ! Une émission est supprimée, le programme est modifié : à qui le doit-on ? Au directeur de la publication ? Au président de l'établissement ? Au Président de la République ? Le lien direct avec le Président de la République, par la nomination, oblige à se poser la question de savoir qui dirige réellement l'audiovisuel public. Et c'est une exception, non dans le monde, mais parmi les démocraties parlementaires.
Comment concevez-vous vos relations avec les journalistes ? On oppose souvent la pugnacité des journalistes anglo-saxons, en particulier dans les émissions politiques, à la situation que nous connaissons. Comment s'assurer que les journalistes ne se censurent pas, ni qu'ils soient censurés ?