Je partage vos analyses et me réjouis de vos propositions, monsieur le candidat à la présidence de France Télévisions, quoique je ne fasse pas partie de ceux qui ont voté la loi instaurant notre participation à votre nomination. Mais la loi est la loi. Je ne vous demanderai pas comment vous comptez gérer France Télévisions ; ce sera votre affaire ; ni quelle est votre déontologie ; votre expérience professionnelle parle pour vous ; je ne vous souhaiterai pas non plus bonne chance, car je sais que la chance sourit aux audacieux ! Je ne souhaiterai qu'une chose : que vous réussissiez, pour le service public ! Nous en sommes tous convaincus ici : il faut faire vite, ou bien le service public serait hors d'une société parallèle qui se développe avec des phénomènes comme Facebook ou Twitter !
Comme vous, ensuite, je pense que la ressource de l'audiovisuel public doit être dynamique, pérenne et prévisible. Au risque de choquer ici, je dirai que votre indépendance dépendra moins du Parlement, que de la redevance...
Vos maître-mots sont la confiance, l'indépendance, la rigueur et la fiabilité. Votre nomination intervient à un moment où il est devenu nécessaire de réaffirmer l'éthique, dans chaque corps de métier. Et le service public se doit d'être exemplaire.
Or, France 2 a diffusé il y a quelques années un reportage sur la mort de Mohammed al-Durah, un enfant palestinien que le reportage présentait comme tué par des soldats israéliens. Des soupçons graves pèsent qui pourraient conduire à penser que ce reportage était une mise en scène, et France 2 a perdu un procès contre une personne qui avait dénoncé ce fait. Une chaîne allemande a diffusé un documentaire accréditant la thèse de la mise en scène. Et pourtant Mohammed al-Durah est devenu un martyr dans le monde arabe, des rues portent son nom, des timbres sont imprimés à son effigie, les assassins de David Pearl l'invoquent. Pierre-André Taguieff, dans un livre plus récent, publié aux PUF, La Nouvelle propagande anti-juive, défend aussi la thèse de la mise en scène. Mais France 2 n'est toujours pas revenue sur l'affaire, laissant planer une suspicion sur l'information même délivrée par le service public.
Que comptez-vous faire pour établir la vérité ? Pour votre information, je vous remets aujourd'hui le livre de Pierre-André Taguieff, ainsi que le DVD du film diffusé sur une chaîne allemande (M. le sénateur remet ces documents à M. Pflimlin).