Intervention de Jean-Luc Harousseau

Commission des affaires sociales — Réunion du 19 janvier 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Jean-Luc Harousseau candidat proposé par le président de la république à la présidence du collège de la haute autorité de santé

Jean-Luc Harousseau :

Je mesure l'honneur qui m'est fait de présenter devant vous ma candidature à la présidence de la Haute Autorité de santé.

Je suis médecin de métier et je trouve tout à fait légitime, quoi que la presse en dise parfois, que la Haute Autorité soit confiée à un médecin, non seulement parce qu'elle est au service des patients, mais encore parce que l'une de ses missions, et non la moindre, est scientifique. Ma formation et mon expérience d'hématologue, c'est-à-dire en fait en cancérologie, m'ont donné au moins deux compétences : celle de savoir écouter les patients, tant l'écoute est nécessaire lorsqu'on soigne une personne atteinte d'une maladie grave et qui en souffre durablement ; celle aussi d'être à l'affût de l'innovation, tant les progrès en hématologie sont rapides - et si, en travaillant de près avec des laboratoires pharmaceutiques, j'ai eu la joie de voir découvertes de nouvelles molécules efficaces contre les maladies, j'ai aussi eu à déplorer certaines pratiques commerciales de ces laboratoires.

Je suis professeur d'université, avec à mon actif environ cinq cents publications internationales, et reconnu comme expert en particulier du myélome. J'ai été chef de service au sein du centre de lutte contre le cancer René Gauducheau, à Nantes, et j'ai mesuré à ce titre l'importance du travail coopératif pour porter haut le flambeau de la recherche clinique française. Je suis parvenu à fusionner deux centres de lutte contre le cancer, ceux de Nantes et d'Angers, pour former le plus grand centre hors Paris, à l'avantage des patients.

J'ai également géré une grande collectivité territoriale, en assurant pendant deux ans la présidence du conseil régional des Pays de la Loire, occasion de m'ouvrir à bien des questions hors du champ médical, mais aussi de gérer des budgets publics. Ces compétences me seraient très utiles pour gérer la Haute Autorité, qui compte quatre cent dix salariés et un budget de 65 millions d'euros.

Je ne suis pas en mesure de vous présenter mon programme à la présidence de la Haute Autorité, ceci pour trois raisons.

La première, c'est qu'ayant été sollicité fin décembre pour cette fonction, je n'ai guère eu le temps de préparer un tel programme. Je découvre l'institution de l'intérieur, avec l'avantage d'un oeil neuf, mais aussi le souci de bien prendre la mesure de ce qui est souhaitable et possible.

La deuxième, c'est qu'on ne peut plus faire l'économie d'une réflexion européenne pour l'exercice de la mission d'évaluation. La Haute Autorité est notre agence nationale d'évaluation, elle doit renforcer ses relations de travail avec ses homologues allemande et britannique, par exemple, mais il est évident que la réflexion doit être européenne : certains pays n'ont pas d'agence d'évaluation et comme l'évaluation coûte cher, des mutualisations sont souhaitables ; l'hypothèse d'une agence européenne est à examiner, à tout le moins celle de coopérations renforcées.

La troisième, c'est que le drame du Mediator provoque un véritable séisme dont on ose espérer qu'il sera le dernier, mais qui oblige d'ores et déjà à une réflexion d'ensemble : Xavier Bertrand, dans sa conférence de presse de samedi dernier, a annoncé une refonte de notre système du médicament. La Haute Autorité de santé n'est pas citée par le rapport de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) dans l'affaire du Mediator, mais elle fait partie intégrante du système de santé. Chacun comprendra que tout programme pour la Haute Autorité tiendra compte des réformes importantes à venir.

Si je n'ai donc pas de programme précis à vous présenter, je peux vous dire quelle est ma vision de la Haute Autorité, avec qui j'ai travaillé depuis son origine et que je commence à connaître de l'intérieur, pour avoir consulté ses responsables.

Je dirai d'abord que c'est une institution jeune - elle a six ans - qui est appelée à devenir un pilier de notre système de santé. Le président Laurent Degos a fait un travail remarquable et c'est sur ces fondations solides que je compte faire franchir une deuxième étape à la Haute Autorité. Cependant, elle a connu une croissance très rapide. Ses missions originelles étaient scientifiques, on lui demandait d'évaluer, de recommander et de certifier. En 2008, on lui a confié également une mission d'évaluation médico-économique et d'évaluation de santé publique, à quoi la loi HPST a ajouté des missions sur les infections à long terme ou encore sur les coopérations entre professionnels de santé. Nous en arrivons au point que l'ensemble n'est pas des plus lisibles et que la Haute Autorité manque parfois de réactivité. Le temps du bilan me paraît donc venu, le changement de présidence en est une bonne occasion.

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