Je commencerai par répondre sur mon engagement personnel. Mon niveau d'expertise m'a conduit à développer des anticancéreux hématologiques avec l'industrie pharmaceutique. Dans ce cadre, je me suis en effet rendu en décembre au congrès américain d'hématologie, mais, n'en déplaise au Canard enchaîné, je n'y suis pas intervenu. Au demeurant, il m'arrive souvent de faire des communications, c'est de ma responsabilité et pour moi un honneur. De même, je participe à nombre d'expertises pour des laboratoires, hélas surtout américains. Je souhaite que ces rappels soient considérés non comme des péchés, mais comme des gages de compétence. Si je suis nommé, je cesserai toute collaboration avec l'industrie pharmaceutique et je rendrai bien sûr publique la liste des laboratoires avec lesquels j'ai travaillé, ce dont je ne rougis pas.
Mon indépendance doit aussi s'apprécier au regard de mon activité professionnelle présente. Je suis directeur d'un centre anticancéreux et j'enseigne au CHU de Nantes. A regret, car je suis beaucoup engagé dans ces activités, je renoncerai à ces deux activités, pour consacrer la totalité de mon temps à la présidence de la Haute Autorité de santé.
J'en viens à mon engagement politique. Il ne me semble nullement contradictoire avec mes fonctions à venir, mais sans y apporter le moindre avantage. Lorsque j'ai présidé le conseil régional des Pays de la Loire, j'ai systématiquement recherché un consensus. Il est arrivé que le conseil régional vote à l'unanimité des décisions que tous ses membres approuvaient. La mission qui me sera confiée est exclusivement d'intérêt public. En cas d'alternance, j'espère établir avec le futur ministre de la santé des relations aussi confiantes qu'aujourd'hui... Au demeurant, je n'exerce plus aucun mandat électif et je n'appartiens plus à un parti politique.
Monsieur Autain, j'ignore les motifs de ma désignation, mais je connais beaucoup de personnes qui auraient souhaité présider la Haute Autorité de santé... Flatté d'être contacté, j'ai souhaité en savoir plus sur les critères de ce choix. Il m'a été répondu que j'avais été retenu pour mes qualités universitaires, pour mon expérience à la tête d'un centre anticancéreux et pour mon ouverture d'esprit. Je ne vous ai pas dissimulé l'aspect précipité de ma nomination. Au demeurant, ma tâche sera plus facile que celle accomplie par M. Degos, puisqu'il partait de zéro. Ma nomination à venir est un honneur, mais pas au point de me présenter comme le sauveur du Président de la République !
En matière de certification, je ne suis pas loin de partager le point de vue exprimé par plusieurs d'entre vous. Mon centre anticancéreux vient d'être certifié à l'issue d'une procédure très lourde débouchant sur deux recommandations d'action, que nous avions déjà décidé de mettre en oeuvre.
À propos des drames d'Epinal - et aussi de Toulouse -, je souligne que l'autorisation est fort logiquement donnée en l'espèce par l'autorité de sûreté nucléaire.