Intervention de Marie-Thérèse Hermange

Commission des affaires sociales — Réunion du 8 juin 2011 : 1ère réunion
Bioéthique — Examen des amendements au texte de la commission en deuxième lecture

Photo de Marie-Thérèse HermangeMarie-Thérèse Hermange :

Je suis assez bouleversée par ce débat. Pour des motifs personnels, je n'ai pas pu être présente en commission mercredi dernier. J'ajoute que je ne sais pas, Bernard Cazeau, à quoi vous faites allusion.

Je voudrais dire tout simplement que, certes, j'ai une source en moi qui me fait penser que la vie est un don, que cette vie commence au moment de la constitution de la cellule initiale, que cette cellule, dès cet instant, peut être en mouvement et peut donner naissance à une vie humaine et qu'à partir de là, nous n'avons pas à en faire un matériau. Mais je ne suis jamais montée à la tribune du Sénat en invoquant, comme d'autres l'ont fait, des pères de l'Eglise pour étayer mon argumentation. Depuis sept ans que je travaille ici, je me suis formée avec des équipes de chercheurs, des juristes, des experts, qui n'ont pas les mêmes options politiques, philosophiques et religieuses que moi. Lorsque le président Larcher et Muguette Dini m'ont demandé de présenter les rencontres de la bioéthique, j'ai essayé de remplir ma mission avec objectivité tout en évoquant les questions qui m'interpellaient.

Aujourd'hui, je suis effectivement interpellée lorsque je lis les arguments juridiques avancés par le procureur Bot de la CJUE. Ce n'est pas moi qui parle d'un « simple matériau de départ », c'est le procureur Bot. Quand je l'entends dire que le projet de révision de la directive 86-609 sur l'expérimentation animale exclue désormais les animaux vertébrés non humains vivants, y compris les formes larvaires autonomes et les formes embryonnaires ou foetales, de la recherche embryonnaire, il me semble qu'il s'agit d'arguments objectifs dont je dois faire part à la commission.

Maintenant, si certains, parce que c'est moi qui les énonce, pensent qu'il s'agit d'arguments intégristes, je les laisse libres de leur jugement. Mais beaucoup est affaire de croyance sur ce sujet. Certains scientifiques écrivent : « je crois que l'embryon dépend de l'usage qu'on peut en faire, selon qu'il y a un projet parental ou non ». Ces chercheurs qui écrivent « je crois que » nous donnent aussi à atteindre à une certaine forme du principe de laïcité.

Hier, le président Autain et moi-même avons auditionné, dans le cadre de la mission d'information sur le Mediator, le directeur de l'institut national scientifique d'études et de recherches médicales (Inserm) qui nous a rappelé des éléments importants sur la thérapie génique. Pendant de nombreuses années, nous avons cru aux vertus de la thérapie génique. De la même façon, nous avons cru à l'équation : un gène, une fonction, une maladie. Aujourd'hui ces croyances se révèlent fausses. Elles nous ont pourtant conduits à engager des financements afin de travailler sur ces questions.

Je considère que le travail de recensement que j'ai engagé depuis deux mois constitue un travail objectif.

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