Je ne peux pas répondre globalement sur la politique culturelle menée par l'État et les relations entre l'échelon central et les collectivités territoriales. Je peux cependant apporter des éléments de réponse à vos remarques.
Nous avons de manière volontariste, en utilisant la salle Pleyel, tout fait pour initier des relations positives avec des orchestres en région. Pour quatre d'entre elles au moins, correspondant aux villes de Toulouse, Lille, Strasbourg et Lyon, il existe une très forte demande. Ces régions considèrent que l'accueil que nous leur offrons est la clef d'entrée dans les grandes salles étrangères. Aujourd'hui, si vous entretenez un orchestre de 110 à 120 musiciens, vous ne pouvez imaginer que les concerts ne se feront que dans votre ville. Il faut qu'il y ait une projection minimale sur la scène nationale et internationale. Les codes qui font qu'on invite ou non telle ou telle formation passent par des références d'accueil qui créent le statut de l'orchestre. Les quatre orchestres cités sont en demande très forte vis-à-vis du projet de la Philharmonie car ils en voient tout l'intérêt tant sur le plan de la diffusion qu'en termes d'articulation avec la formation des jeunes.
D'ailleurs, la direction de l'orchestre de Toulouse, depuis deux ans, me demande de rencontrer les élus car il existe toujours le projet de création d'une petite philharmonie dans cette ville. Les modèles doivent se décliner selon les territoires.
Vous avez évoqué l'éducation des enfants. La constitution d'un choeur dans une petite ville ou une ville moyenne en France paraît plus difficile que dans les pays anglo-saxons qui possèdent cette tradition. La seule façon d'opérer est d'impliquer les musiciens professionnels.
Dans notre projet qui regroupe 450 enfants, les instruments de musique ont été prêtés dans les familles. À la fin de la première année, on a constaté très peu de dégradations. Dans chaque groupe d'enfants, étaient présents un musicien professionnel et un pédagogue. Cette association fonctionne car l'enfant a besoin à la fois de pédagogie que n'apporte pas forcément le musicien professionnel et d'être fasciné par le monde sonore qui lui est ouvert par ce dernier. Une part de cette expérience est transférable en région. Lorsque les élus discutent avec les responsables des formations musicales, ils peuvent demander des contreparties liées à un engagement dans la société. Il s'agit d'assumer sur leur temps de travail un rôle social. Je pense qu'aujourd'hui face aux questions qui se posent sur la survie des modèles classiques, on a besoin d'un certain volontarisme.