Intervention de Bernard Hourcade

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 24 janvier 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Bernard Hourcade directeur de recherche au cnrs sur l'iran

Bernard Hourcade, directeur de recherche au CNRS :

a concédé que son propos pouvait apparaître comme paradoxal, mais que l'Iran était une grande puissance régionale par défaut et qu'il avait toujours suscité la crainte de ses voisins. Le fait chiite est un fait objectif et ancien en Iran, mais aussi dans d'autres pays du Moyen-Orient. Les évolutions actuelles portent sur l'arrivée au pouvoir de Chiites dans des pays gouvernés jusqu'à présent par une minorité sunnite. L'opposition entre arabes et persans s'est ainsi déplacée vers une opposition entre Chiites et Sunnites. L'Iran peut certes utiliser cette géographie culturelle, mais ses moyens d'action restent limités. Le Hezbollah n'est pas seulement un agent de l'Etat iranien. L'arc chiite existe, mais il n'est pas nouveau. L'approfondissement du clivage entre Sunnites et Chiites nuirait au premier chef à l'Iran. L'Iran est un pays fort « par nature », mais la République islamique est actuellement affaiblie malgré son discours.

Le régime est profondément enraciné et l'on ne peut espérer sa chute à brève échéance. Il est vraisemblable que le président Ahmedinejad, en dépit d'un affaiblissement très réel de sa position, ira jusqu'au terme de son mandat, en 2009. Mais une recomposition politique est envisageable autour d'hommes tels que Khatami et Qalibaf. Un effondrement de l'Iran reproduirait vraisemblablement la situation irakienne. Des pressions politiques, diplomatiques, économiques ou encore culturelles sont préférables à une attaque frontale. La politique américaine a le défaut de vouloir aller trop vite et de ne pas prendre suffisamment en compte les réalités.

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