On peut avoir une analyse différente de la vôtre Monsieur le Ministre, notamment en ce qui concerne l'utilisation du crédit impôt recherche. Comme je l'ai déjà dit, en accord avec la commission des Finances et la commission de l'Économie du Sénat, je m'interroge sur l'utilisation de ces six milliards d'euros, qui ne profitent pas assez aux PME. Concernant la taxe professionnelle, on observe un effet secondaire, car les collectivités freinent sur l'investissement, notamment dans les zones de développement économique, en raison d'un manque de visibilité sur leurs finances.
Concernant les initiatives d'excellence, il convient de ne pas se polariser sur le classement de Shangaï : il faut prendre en compte l'aménagement du territoire. Si l'on veut reconstruire des filières industrielles et des relations entre les universités et les entreprises, il ne faudra pas prendre en compte les seuls dossiers émanant de l'Île-de-France, contrairement à ce qu'avait laissé entendre le commissaire général à l'investissement René Ricol lors de son audition par notre commission.
Il ne peut pas exister d'économie sans une industrie représentant au moins 20 % du PIB : la fonction de production doit rester à un niveau suffisant pour servir de moteur à l'économie.
Sur les chiffres du coût du travail, chacun, effectivement, peut en faire une lecture différente, comme l'a exposé mon collègue Martial Bourquin. Je pourrais, pour ma part, évoquer le témoignage de l'entreprise Scania, dont l'usine d'Angers est le meilleur site au niveau européen en termes de productivité.
Pour paraphraser un grand Président de la République parlant de l'Europe, pour s'en sortir il ne suffit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri en criant « innovation, innovation, innovation » ! Je suis d'accord avec vous sur plusieurs points : l'importance de la protection des brevets européens et de la réciprocité, avec les pays tiers notamment, et en faisant attention aux transferts de technologies. Je voudrais, néanmoins, ajouter un point important : nos PME sont structurellement sous-capitalisées et ne peuvent donc pas investir dans la recherche et développement. L'appui du FSI, ou encore des banques régionales, devrait être à cet égard déterminant.
Enfin, en matière de formation technologique et professionnelle, je voudrais souligner que la disparition d'un certain nombre de baccalauréats professionnels va constituer un handicap dévastateur pour notre industrie. La formation en alternance devrait être davantage développée, notamment au niveau du master : l'apprentissage n'est pas la seule voie possible. Cela permettrait de faire tomber les cloisons culturelles qui existent entre le monde de l'université et le monde de l'entreprise.
Je voudrais aborder brièvement, pour finir, la question de la filière photovoltaïque. Nous avons dans ce domaine deux handicaps : la balance commerciale et le bilan carbone. Pourtant nous avons un potentiel de développement et de structuration d'une filière française.