Intervention de Christian Noyer

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 13 février 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Christian Noyer gouverneur de la banque de france

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France :

a indiqué que la croissance du PIB de la France en 2006, de l'ordre de 2 % par rapport à 2005, avait été marquée par de fortes fluctuations infra-annuelles, avec un taux de croissance trimestrielle évalué, selon l'estimation précoce de l'Insee, à respectivement 0,5 %, 1,1 %, 0,0 % et 0,6-0,7 % aux premier, deuxième, troisième et quatrième trimestres. Il a précisé que cette croissance avait été soutenue par la consommation des ménages en produits manufacturés, et que la contribution du commerce extérieur à la croissance avait été légèrement négative. Il a rappelé que le nombre de chômeurs avait diminué de 10 % en 2006. Il a considéré que le rythme de croissance trimestrielle observé en 2006 devrait se maintenir en 2007. Il a souligné que la croissance du PIB en France en 2006 avait été inférieure à celle observée dans la zone euro, 2,7 %, ce qui constitue la meilleure performance depuis 2000. Il a indiqué que la Banque centrale européenne prévoyait une croissance du PIB de la zone euro légèrement supérieure à 2 % en 2007. Il a souligné plusieurs facteurs d'incertitude : l'impact de l'augmentation de 3 points de la TVA en Allemagne, les fluctuations du prix du pétrole, qui pourraient susciter une spirale prix-salaires dans la zone euro et le ralentissement en cours de l'économie des Etats-Unis.

Il a indiqué qu'en 2006, l'inflation, en moyenne annuelle, avait été de 2,2 % dans la zone euro et de 1,9 % en France. Il a toutefois précisé qu'hors énergie, l'inflation, en moyenne annuelle, avait été de seulement 1,6 % dans la zone euro. Il a déclaré que, pour 2007, la Banque centrale européenne prévoyait une inflation, en moyenne annuelle, de l'ordre de 2 %. Il a néanmoins estimé qu'il convenait de demeurer « très vigilant », considérant qu'il existait des tensions sur les prix à la production et des difficultés à recruter dans certains secteurs, et que l'Allemagne pourrait cesser en 2007 de « tirer vers le bas » l'inflation de la zone euro, du fait de l'augmentation de son taux de TVA. Il a souligné la dégradation de la compétitivité de la France depuis deux ans.

a rappelé qu'après avoir diminué ses taux directeurs entre le milieu de l'année 2001 et le milieu de l'année 2003, la Banque centrale européenne les avait ensuite maintenus inchangés pendant deux ans et demi, son principal taux directeur (le taux de soumission minimal appliqué aux opérations principales de refinancement) demeurant à 2 %. Il a estimé que si elle les avait ensuite accrus à six reprises consécutives, à compter du 1er décembre 2005, portant ce taux à 3,5 % à compter du 13 décembre 2006, le niveau actuel des taux d'intérêt demeurait, selon la terminologie utilisée par les économistes, « accommodant ». Il a comparé ce taux à ceux de 5,25 %, en vigueur aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et à la croissance nominale du PIB de la zone euro, de l'ordre de 4 % à 5 % en 2006 et en 2007. Il a constaté que cette hausse des taux d'intérêt n'avait nullement pénalisé la croissance, qui avait atteint son niveau le plus élevé depuis 6 ans, mais que, sans elle, l'inflation aurait été plus élevée. Il a rappelé qu'il convenait de rester « très vigilant » et que la Banque centrale européenne était prête à accroître ses taux en cas de nécessité.

Il a indiqué que si l'introduction de l'euro fiduciaire avait temporairement accru l'inflation en France de 0,2 point en 2002, les consommateurs de la France et du reste de la zone euro avaient pourtant eu l'impression, les années suivantes, que l'inflation avait structurellement doublé. Il a précisé que la France était le seul pays de la zone euro où cette perception erronée persistait. Il a estimé que ceci pouvait s'expliquer par deux facteurs essentiels. Tout d'abord, de nombreux consommateurs, s'efforçant de comparer les prix actuels à ceux pratiqués en francs en 2001, soit prenaient involontairement en compte plusieurs années d'inflation, soit sous-évaluaient les prix de 2001. Ensuite, si les prix relatifs des différents types de produits étaient demeurés stables jusqu'en 2000, ils avaient ensuite divergé, pour des raisons indépendantes de l'euro, les prix des produits de l'industrie manufacturière, soumis à une forte concurrence internationale, stagnant, voire diminuant, alors que les prix des autres produits et des services augmentaient plus rapidement. Ce dernier phénomène provenait, en particulier, de l'augmentation du prix de l'énergie, du renchérissement des produits alimentaires, de la répercussion de la hausse du prix de l'immobilier dans les loyers, de l'augmentation du prix du tabac et d'une augmentation des prix dans la grande distribution supérieure à la moyenne de 2000 à 2004, favorisée par la loi n° 96-588 du 1er juillet 1996 sur la loyauté et l'équilibre des relations commerciales, dite « loi Galland ». Il a, en outre, estimé que la réduction du temps de travail et la réunification des SMIC avaient suscité des tensions sur les coûts dans certains secteurs, comme la restauration.

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