Les écoles de journalisme qui tendent à se multiplier offrent des formations spécialisées de journalistes sportifs. C'est prendre le problème à l'envers. Il faut être d'abord journaliste ; ensuite on s'intéresse au sport. Le sport est, en effet, susceptible de toucher à toutes les rubriques : celle de la politique, c'est évident, compte tenu de ses implications, celle de la santé - voyez les questions de dopage - mais aussi la rubrique économique.
Je regrette que trop de journalistes sportifs se confinent étroitement à la compétition sportive sans voir ce qui se passe tout autour de celle-ci.
Ce phénomène est aggravé par le fait que le journalisme sportif ne suscite guère de vocations tardives. Il attire peu de journalistes passés auparavant par d'autres secteurs. C'est un domaine vers lequel on s'oriente trop tôt, au détriment de l'ouverture d'esprit.
Je prends un exemple : lors des 20ème championnats d'Europe d'athlétisme, qui se sont déroulés à Barcelone en août 2010, le parlement catalan a voté l'interdiction de la corrida : nous avons considéré qu'il était important de traiter aussi de cet événement car le sport ne peut être séparé des problèmes de société.
J'en viens à la question des droits de retransmission télévisée.
Quand vous achetez une compétition dans son ensemble, comme par exemple les Jeux Olympiques, le vendeur vous demande un prix global sans distinguer les compétitions masculines ou féminines. C'est précisément ce que nous privilégions, et je ne connais pas nécessairement très bien les tarifs, qui sont pratiqués ailleurs pour la retransmission de telle ou telle compétition. Mais j'imagine qu'en effet un championnat de basket féminin « coûte » moins cher qu'un championnat masculin. D'ailleurs la distinction s'opère peut-être davantage par discipline que par genre : à titre d'exemple, le basket et le handball sont deux sports très peu médiatisés en France et qui se « vendent » mal, que les compétitions soient masculines ou féminines. C'est d'ailleurs curieux car ce sont deux disciplines très pratiquées en milieu scolaire.
Y a-t-il des écarts dans les rémunérations de sportifs et de sportives ?
Pendant longtemps, le montant du prix attribué au vainqueur masculin de Roland-Garros était supérieur à celui du prix attribué à celle qui remportait la compétition féminine. Mais aujourd'hui, l'égalité a été rétablie.
Maintenant, il ne faut pas s'attacher seulement aux prix que le sportif remporte dans une compétition, mais être attentif aussi à ce qu'il perçoit de son équipementier et d'une façon générale de l'exploitation de son image.
En tout état de cause, le « spectacle sportif » a aujourd'hui supplanté la simple « retransmission » de compétitions sportives : les contrats de vente des droits se complexifient à l'extrême, notamment pour garantir l'exclusivité des droits, et les prix atteignent des montants très importants.
Aux jeux olympiques, par exemple, un athlète ne s'arrête à votre stand que parce que cela a été prévu et négocié dans son contrat. Dès lors, vous pouvez être le journaliste le plus talentueux, vous n'avez pas la possibilité d'exercer votre métier si vous n'êtes pas adossé à d'importants moyens financiers. En Afrique du Sud, les autorités du football ont institué de véritables zones tampon pour tenir à l'écart les organismes de presse qui n'avaient pas acquitté de droits.
Depuis qu'il est passé d'une pratique amateur sympathique au professionnalisme, le rugby est guetté par la pression de l'argent avec la crainte de renier certaines de ses valeurs, et c'est bien dommage et peut-être contreproductif d'ailleurs, car ce sont celles-ci qui contribuent aussi à sa popularité.
Le monde du rugby est différent du monde de football. C'est, à l'heure actuelle, globalement un monde d'hommes mais certains grands clubs commencent à miser aujourd'hui sur leur club féminin.
Nous nous intéressons d'ailleurs au rugby féminin dont nous parlons le dimanche matin à 8 h 30, dans une émission de France 2 intitulée « rencontre à 15 ».
Les nouvelles chaînes de la Télévision numérique terrestre (TNT) accordent une attention particulière aux compétitions féminines. En effet, le sport reste le dernier secteur classique de la télévision : aujourd'hui tout le monde enregistre les films, les émissions et même les informations. Il n'y a que le sport que le téléspectateur suit en direct. Comme les chaînes de la TNT n'ont pas les mêmes moyens que les chaînes comme France Télévisions, TF1 et Canal+ pour l'achat des sports, elles ont décidé de s'intéresser à des petits contrats et de diffuser des sports qui démarraient, comme les sports féminins. C'est ainsi que Direct 8 diffuse aujourd'hui du football féminin.