Intervention de Frédéric Grare

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mai 2010 : 1ère réunion
Situation au pakistan — Audition du dr frédéric grare chargé de projet prospective zone asie à la sous-direction prospective de la défense de la délégation aux affaires stratégiques du ministère de la défense

Frédéric Grare :

Il faut bien comprendre que le Pakistan ne doit pas être uniquement considéré comme une partie de la solution pour l'Afghanistan. C'est surtout une partie du problème.

Je connais bien la thèse de Gilles Dorronsoro. Il considère que la partie est perdue en Afghanistan et qu'il n'y a donc rien à perdre à miser sur le Pakistan, puisqu'en tout état de cause il sera appelé à jouer un rôle en tant qu'Etat voisin. Cette démarche pourrait avoir un sens s'il s'agissait avant tout de sauver le régime en place à Kaboul. Tel était l'objectif des Soviétiques il y a trente ans. Mais notre intervention en Afghanistan n'a pas pour but ultime de soutenir un régime. Il s'agit d'éviter que ne se recrée dans ce pays un sanctuaire pour des organisations terroristes qui nous menacent. La survie du régime actuel ne nous intéresse que dans la mesure où elle est un moyen d'empêcher la reconstitution de ce sanctuaire. Je pense pour ma part qu'en cherchant à donner un rôle au Pakistan en Afghanistan, nous prendrions le risque d'y réinstaller les groupes terroristes que nous combattons.

Certes, Islamabad nous dit que les taliban ont changé, qu'ils sont prêts à garantir qu'aucun groupe participant au terrorisme international ne pourra se réinstaller. Mais les autorités pakistanaises ont déjà tenu à la fin des années 1990 ce langage qui a été démenti par les faits. A mon sens, la perspective tracée par Gilles Dorronsoro ne répond pas à notre problème.

Vous m'avez demandé ce que je ferais si j'étais ambassadeur au Pakistan. Tout d'abord, je ferais comprendre à nos partenaires pakistanais que nous ne saurions leur délivrer un blanc-seing, quelle que soit leur politique. Je conditionnerais notre assistance à des engagements vérifiables sur le terrain. Je recommanderais que l'Union européenne, qui délivre une aide substantielle, effectue des pressions sur le Pakistan, et qu'elle conditionne ses engagements à des résultats visibles.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion