C'est une constante des cinquante dernières années : les Français et les Britanniques n'ont jamais réussi à s'entendre durablement. Soit ils ne s'entendaient pas du tout, et l'Europe n'avançait pas, soit ils s'accordaient et tout le monde craignait que ce soit nocif ! Au reste, c'est pareil pour les relations franco-allemandes : si les Français et les Allemands font trop de choses ensemble, on les accuse de vouloir dominer l'Europe et s'ils n'en font pas assez, de la miner... Tout cela me fait sourire. Quand la France et le Royaume Uni se rapprochent sur les questions de défense et de sécurité, je ne peux que m'en féliciter. Ce n'est d'ailleurs qu'un rattrapage par rapport à ce qui se fait depuis longtemps entre la France et l'Allemagne. Je ne suis pas du tout inquiet. Le dialogue stratégique que nous avons engagé est né d'une initiative française : c'est bien le signe que la France s'intéresse toujours autant à l'Allemagne, et réciproquement. C'est un ensemble très équilibré qui se met en place.
Quant à la Russie, elle est pour nous aussi un partenaire stratégique. Elle a certes évolué, mais il faut rester prudent. Nous livrons des armements à la Russie avec circonspection, pas seulement pour des questions de sécurité, mais aussi en prenant garde aux transferts de technologie. Nous devrions peut-être nous concerter davantage sur ce point, mieux en tout cas que par le passé. Le niveau technologique actuel de l'armée, de l'industrie et de la recherche russes n'est pas très brillant. Pour améliorer la situation, la Russie se tourne vers les Européens. Il serait donc souhaitable de nous mettre d'accord sur une ligne à ne pas franchir en matière de transfert de technologie.