a souhaité obtenir des précisions sur les progrès attendus de la recherche thérapeutique contre le cancer. Elle a demandé si l'on pouvait considérer que les salariés exposés à des matériaux cancérigènes, et en particulier, aux fibres de céramiques réfractaires, étaient aujourd'hui suffisamment informés et protégés, et plus généralement si le principe de précaution était correctement appliqué en France.
En réponse à ces interrogations, le Pr Dominique Belpomme a apporté les précisions suivantes :
- il n'existe aucun lien entre le développement du cancer bronchique, dit « à petites cellules », et l'inhalation des fibres d'amiante ;
- l'amiante a un double effet, mutagène et d'accélération, sur le développement du cancer ;
- la multiplication des cancers de la prostate chez des sujets jeunes infirme la thèse selon laquelle ces cancers seraient dus principalement à l'allongement de l'espérance de vie ;
- la silice est responsable de la sclérose pulmonaire mais elle semble rarement, à elle seule, à l'origine de cancers, même si elle est classée comme cancérigène ;
- la législation française anti-tabac n'est en effet aujourd'hui pas respectée, mais elle est également moins rigoureuse que les autres législations européennes en ce domaine et devrait être renforcée ;
- on ne peut attendre que des progrès limités de la recherche contre le cancer, le taux de guérison étant susceptible de passer de 45 % à 60 % au maximum, d'où la nécessité de renforcer et de développer les politiques de prévention et de précaution dans une perspective environnementale ;
- si le contrôle de la santé des salariés doit être renforcé, toute la population est exposée aux produits chimiques présents dans l'environnement, et les effets néfastes de ces derniers sont encore très sous-évalués ;
- aucun organisme officiel ne s'est encore prononcé sur le caractère cancérigène des fibres céramiques réfractaires ;
- le récent débat sur la charte de l'environnement illustre la frilosité des pouvoirs publics en ce domaine, alors qu'il faudrait, par exemple, réglementer l'utilisation des téléphones portables pour certaines populations vulnérables, comme l'ont fait certains de nos voisins européens.