Intervention de Marie-Thérèse Hermange

Mission commune d'information sur le bilan et les conséquences de la contamination par l'amiante — Réunion du 9 mars 2005 : 1ère réunion
Audition du dr patrick brochard chef du service de médecine du travail et de pathologie professionnelle au chu de bordeaux professeur des universités en épidémiologie économie de la santé et prévention à l'université victor segalen-bordeaux ii

Photo de Marie-Thérèse HermangeMarie-Thérèse Hermange :

a voulu savoir pourquoi les médecins n'alertaient pas l'opinion publique sur la dangerosité de ces fibres.

Le Dr Patrick Brochard a indiqué que l'alerte avait été donnée avant même l'interdiction de l'utilisation de l'amiante et qu'il avait personnellement été l'auteur de plusieurs publications sur ce sujet et avait participé aux travaux menés par la Commission européenne sur ce thème. Il a cependant considéré qu'il était très difficile de faire prendre conscience aux décideurs du caractère complexe et nuancé des conclusions épidémiologiques sur les fibres céramiques réfractaires. Il a ainsi expliqué qu'il fallait au moins cinquante ans pour apprécier les effets sur la santé de ce matériau, même si les indicateurs actuels étaient tous inquiétants, en particulier au regard des résultats des expériences animales et de l'apparition de pathologies pleurales chez l'homme.

Il a indiqué que les industriels ne reconnaissaient pas la dangerosité d'un produit avant que son caractère cancérogène fût formellement démontré. Il s'est dès lors inquiété des effets des fibres céramiques sur la santé qui pourraient connaître la même ampleur que celle de l'amiante. Il a assuré que les industriels étaient à l'époque très bien informés sur les conséquences de l'amiante mais que ces informations n'avaient pas été transmises aux utilisateurs, en particulier les ouvriers du bâtiment, tels les électriciens, les peintres et les plombiers. Il a ainsi rappelé que la réglementation mise au point en 1977 était en théorie d'application générale, mais que, de facto, elle n'avait pas concerné les utilisateurs, alors que 80 % des cas de mésothéliomes observés aujourd'hui concernent ces secteurs d'activité.

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