Intervention de Brigitte Gonthier-Maurin

Mission commune d'information sur l'organisation territoriale du système scolaire et sur l'évaluation des expérimentations locales en matière d'éducation — Réunion du 21 juin 2011 : 1ère réunion
Examen du rapport

Photo de Brigitte Gonthier-MaurinBrigitte Gonthier-Maurin :

Cela me pose problème, car le recrutement national par concours est un fondement de l'Education nationale. Le recteur de l'académie d'Amiens a conforté mon sentiment en nous disant : « l'entreprise est l'avenir de l'école, mais l'école est le futur de l'entreprise ». Je ne peux accepter que l'employabilité soit désormais l'objectif principal, au détriment de la formation la plus poussée pour tous. La maîtrise du savoir et l'épanouissement individuel sont des enjeux démocratiques. L'école et la communauté éducative ont un rôle essentiel à jouer pour ceux qui n'ont aucun autre moyen d'accéder à la connaissance.

Au risque d'être schématique, je dirai que ce rapport propose de réaliser l'école du socle commun. Sans être hostiles au principe de ce dernier, nous nous interrogeons sur sa hauteur et sur sa forme, quand la nouvelle architecture budgétaire sera mise au service de l'employabilité. Si j'ai bien compris, vous proposez de mutualiser l'offre de formation publique et privée, alors que le secteur public assume seul un certain nombre de missions : voyez l'enseignement agricole. Mis en place au nom de l'équité, le socle commun contrarie l'égalité réelle, car il constitue l'horizon indépassable des uns, mais une simple étape pour ceux ayant vocation à poursuivre leurs études. En outre, je m'inquiète de l'évaluation binaire des connaissances dans un livret de compétences devenant un fichier.

Concrètement, le contrat l'emporte sur la loi, alors que les chefs d'établissement voient leur marge de manoeuvre fondre pendant que leur autonomie s'étend. Lors d'un colloque, l'un d'eux a dit que l'autonomie consistait à faire plus avec des moyens réduits et moins prévisibles. Dans une conception restrictive des dépenses, la proposition de l'euro ne permettra pas de faire face à cette problématique.

Sur le plan pédagogique, je crains un retour en arrière, sans le moindre bilan de l'autonomie.

Nous risquons une réelle dégradation de l'égalité sociale et territoriale, car l'existence de programmes nationaux ne suffit pas à l'asssurer.

Je ne partage pas les orientations de ce rapport sur l'école.

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