Intervention de Patrick André

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 16 février 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Patrick André directeur général des messageries lyonnaises de presse

Patrick André, directeur général des Messageries lyonnaises de presse :

La proposition qui a été faite à la suite des États généraux de la presse écrite, dans le cadre du rapport de M. Bruno Lasserre, s'inscrit dans la logique d'un CSMP indépendant. Aujourd'hui, nous pensons que c'est sans doute la meilleure solution pour surmonter les empêchements que j'ai évoqués. Sur ce sujet, il reviendra aux éditeurs de décider in fine.

En ce qui concerne le ciblage des aides aux diffuseurs de presse, je suis incapable de distinguer entre un petit et un grand vendeur de presse. Dès lors que leur chiffre d'affaires est principalement tiré par la vente de la presse, ils doivent être considérés comme des diffuseurs spécialistes. Comme je vous l'ai dit, en dehors des 12 000 points de vente spécialistes que nous avons recensés, les autres points de vente ne sont pas des spécialistes de la vente à la presse à proprement parler et leur revenu ne dépend pas de ce segment d'activité.

Alors que les 12 000 diffuseurs spécialistes enregistrent un revenu moyen annuel de 16 000 euros, le revenu presse des autres points de vente non spécialistes oscille entre 100 euros annuels jusqu'à un maximum de 8 à 10 000 euros pour la simple raison que leur position n'est pas d'être d'abord des diffuseurs de presse. Je vous rejoins lorsque vous dites que nous avons besoin de proximité en matière de vente de la presse. En Allemagne, nous avons pu constater que les diffuseurs non spécialistes ne disparaissaient pas s'ils ne disposaient pas d'aides publiques. Nous pensons qu'il est possible de continuer à créer des points de vente complémentaires dans des environnements commerciaux qui ne sont pas réservés à la presse. Les points de vente dits complémentaires ne demandent pas à être payés plus. Le véritable enjeu demeure donc l'avenir du petit kiosquier qui vit à plus de 50 % de son activité presse et qui ne reçoit pas suffisamment d'aide pour en vivre. On doit trouver le moyen de maintenir ces deux types de diffuseurs, spécialistes et complémentaires, en faisant bien la part des choses.

Il existe, bien entendu, des verrous structurels de nature sociale. Une partie des personnels des MLP est aussi représentée par le syndicat du Livre. Cependant, ce qui nous intéresse prioritairement, ce sont les verrous commerciaux et industriels. Lorsqu'un acteur comme Presstalis ne souhaite pas accélérer des réformes structurelles afin de préserver sa position majoritaire, cela constitue un frein pour l'ensemble des acteurs de la distribution. Un verrou technique majeur réside dans le système informatique applicable à la distribution de la presse. Si vous demandez à un diffuseur spécialiste de faire remonter une information à un éditeur à partir de son point de vente, vous n'avez pas l'assurance que Presstalis autorisera cet échange d'information. En effet, si un éditeur souhaite se distribuer par ses propres moyens, il sera obligé de passer par le système informatique « P2000 » centralisé par Presstalis qui seule décide de l'ouvrir ou non. Les éditeurs qui veulent passer outre le niveau 1 sont dans l'obligation structurelle de passer par cet outil informatique qui demeure la propriété de Presstalis.

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