a d'abord rappelé que les deux commissions avaient décidé, en mars dernier, de procéder à une série d'auditions conjointes sur le thème de l'action culturelle de la France à l'étranger, et que, dans ce cadre, elles avaient entendu notamment des représentants du ministère des affaires étrangères et du ministère de la culture, le directeur de CulturesFrance, le secrétaire général de l'Alliance française de Paris, mais aussi les directeurs du British Council et du Goethe Institut de Paris, ainsi que M. Bernard Faivre d'Arcier, auteur d'une étude comparative sur le sujet.
a également rappelé que le Parlement, et le Sénat en particulier, s'étaient préoccupés, depuis déjà de nombreuses années, du réseau culturel de la France à l'étranger, comme en témoignent les rapports de M. Yves Dauge, alors député, de 2001, de M. Louis Duvernois, de 2004, ou encore les rapports budgétaires pour avis de Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Yves Dauge, Louis Duvernois et Joseph Kergueris, ainsi que le rapport du rapporteur spécial de la commission des finances, M. Adrien Gouteyron.
Il a également indiqué que, à l'initiative de M. Louis Duvernois, une proposition de loi transformant CulturesFrance en établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) avait été adoptée à l'unanimité par le Sénat en 2007.
a souligné que la diplomatie culturelle française était aujourd'hui à la veille d'une réforme d'ampleur, annoncée par le ministre des affaires étrangères et européennes le 25 mars dernier, avec notamment le projet de création d'une agence chargée de la coopération culturelle et linguistique et que, dans ce contexte, il semblait utile que les deux commissions puissent faire entendre suffisamment en amont un certain nombre de préconisations tirées de leurs auditions.
a souhaité ensuite présenter les principaux enseignements tirés des auditions des deux commissions :
- premier constat : la France dispose d'un réseau culturel exceptionnellement dense et diversifié qui comprend à la fois des services de coopération et d'action culturelle (SCAC) au sein de ses ambassades, ainsi que des instituts et centres culturels, qui dépendent du ministère des affaires étrangères, mais qui bénéficient d'un régime d'autonomie financière ; une autre originalité du dispositif français tient au vaste réseau des Alliances françaises, qui sont des associations de droit privé issues d'initiatives de la société civile locale. Enfin, l'action culturelle extérieure de la France repose également sur un grand nombre d'opérateurs, parmi lesquels CulturesFrance.
Il a estimé cependant que, à la différence des partenaires et concurrents de la France, comme le Royaume-Uni, avec le British Council, l'Allemagne, avec le Goethe Institut ou l'Espagne, avec l'Institut Cervantès, le réseau culturel français souffrait d'un manque de lisibilité et de visibilité.
De ce point de vue, la création d'une agence chargée de l'ensemble de la coopération culturelle et dotée d'un label unique représenterait une avancée.
- deuxième constat : l'action culturelle extérieure de la France souffre avant tout aujourd'hui d'un déficit de pilotage stratégique.
a estimé que le ministère des affaires étrangères et européennes devait conserver un rôle de premier plan dans ce domaine, puisque la culture est une composante essentielle de la diplomatie d'influence de la France. A ce titre, il doit exercer la tutelle de la future agence, le ministère de la culture et les autres ministères concernés n'étant pas suffisamment impliqués dans la mise en oeuvre de la coopération culturelle de la France à l'étranger.
Par ailleurs, il a indiqué que, au sein de l'administration du Quai d'Orsay, l'ancienne direction générale de la coopération internationale et du développement (DGCID) n'avait pas réussi à élaborer une véritable stratégie, ni à exercer réellement sa tutelle sur les opérateurs, étant absorbée dans les tâches de gestion quotidienne du réseau, et que la mise en place récente d'une nouvelle direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats (DGMDP), était directement tirée de ce constat.
- troisième enseignement : il est nécessaire de mettre un terme à la forte diminution des crédits consacrés à l'action culturelle française à l'étranger.
a estimé que, au moment où les partenaires britanniques, allemands et espagnols, et même chinois, avec les Instituts Confucius, augmentent fortement les moyens consacrés à leurs réseaux culturels, et où la nouvelle secrétaire d'État américaine, Mme Hillary Clinton, a fait de la diplomatie dite « de l'intelligence » une priorité de son action, il peut sembler paradoxal que la France soit le seul pays à diminuer fortement les crédits consacrés à son rayonnement culturel et linguistique dans le monde.
Il a rappelé, à cet égard, que le Livre blanc sur la politique étrangère et européenne de la France avait souligné qu'on ne pouvait réduire indéfiniment les effectifs et les moyens sans remettre en cause les ambitions européennes et internationales assignées à l'action extérieure.
- enfin, quatrième et dernière observation : la gestion des ressources humaines constitue sans doute le « point noir » du réseau culturel de la France à l'étranger.
Il a rappelé que les personnels appelés à diriger les centres culturels ne se voyaient proposer qu'une formation de cinq jours, alors que la formation initiale est de six mois en Allemagne, et que la durée d'immersion dans un pays était relativement courte, de l'ordre de trois ans, contre cinq ans pour les agents du British Council et du Goethe Institut, et enfin que l'Allemagne et le Royaume-Uni offraient de bien meilleures perspectives de carrière aux agents de leur réseau culturel à l'étranger.
a donc estimé que la rénovation de la gestion des ressources humaines du personnel du réseau culturel de la France à l'étranger devait constituer un axe central de la réforme.