Intervention de Jean-Louis Carrère

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 29 août 2008 : 1ère réunion
Audition de M. Hervé Morin ministre de la défense et de M. Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères et européennes sur la situation en afghanistan

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère :

s'est interrogé sur le niveau et la qualité des renseignements qui étaient à la disposition des forces françaises lorsqu'elles ont entrepris l'opération du 18 août. Il a rappelé que les forces américaines avaient déployé en Afghanistan d'importants moyens d'acquisition du renseignement, notamment des drones, et que d'autre part, le récent Livre blanc français sur la défense et la sécurité insistait sur le nécessaire renforcement du renseignement. Il s'est demandé si, de ce point de vue, le contingent français était suffisamment doté. Il a également indiqué avoir constaté, lors d'une visite sur place, que les militaires français se plaignaient d'être trop souvent équipés de matériels obsolètes. Insistant sur l'absolue nécessité de renforcer l'aide économique, il a estimé que les statistiques citées par le ministre de la défense au sujet des progrès de la scolarisation méritaient d'être relativisées, les observations sur le terrain montrant, par exemple, une criante insuffisance de locaux. Il a estimé que les méthodes utilisées par les forces de la coalition n'étaient pas toujours de nature à leur gagner la sympathie de la population. Il s'est inquiété, sur ce point, que les troupes françaises perdent peu à peu l'image plutôt positive qui était la leur, comparée à celle des troupes américaines. Il a souligné le caractère crucial de la question de la drogue, qui ne devait pas être considérée comme une fatalité. Il a précisé que pour les paysans afghans, la culture du pavot ne rapportait guère plus que celle du blé, les profits étant uniquement réalisés par une minorité de trafiquants. Par ailleurs, il s'est inquiété que, grâce aux revenus de la drogue, les Talibans alimentent des défections de cadres des forces afghanes pourtant formés par les forces internationales. Précisant qu'il ne plaidait pas, à ce stade, pour un retrait des forces françaises, il a néanmoins souhaité une redéfinition de la stratégie internationale en Afghanistan, sur la base d'une approche plus globale. Rappelant que les pays européens étaient quasiment tous présents sur place, il a appelé de ses voeux une véritable stratégie européenne pour l'Afghanistan.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion