a souligné qu'au-delà des problèmes spécifiques de la Fédération française de football (FFF), la question de l'évolution du football en France, à savoir sa pratique, son développement et son image, étaient au coeur de ses préoccupations.
A cet égard, il a insisté sur la situation paradoxale où se trouve à l'heure actuelle le football français et a souhaité mettre en lumière trois évolutions remarquables :
- le football est devenu un véritable phénomène de société, au point d'intéresser les politiques, les sociologues, les économistes, de susciter la formation d'un droit spécialisé et d'attirer de nouveaux publics ;
- les audiences de la Ligue 1 ne cessent de croître, les droits télévisés et les droits de téléphonie mobile explosent, les spectateurs ne manifestent aucun signe de saturation ni de lassitude, en dépit de la multiplication des compétitions et des rencontres ;
- les modalités de la pratique du football se sont diversifiées : au football classique s'ajoutent maintenant le futsal, le beach soccer, le jorky ball, le tennis ballon, reflet de la volonté des Français de pratiquer un football « à la carte ».
Pourtant, a-t-il reconnu, jamais l'image générale du football n'a été autant dégradée. A cet égard, il a regretté qu'il ne se passe pas de semaine sans que les médias ne se fassent l'écho de tricheries, de rumeurs de dopage, du malaise des arbitres ou d'un soupçon de rencontres truquées. Par ailleurs, il a estimé qu'on ne pouvait nier ni l'aggravation des phénomènes de violence dans les stades, au détriment de l'esprit du sport, ni les difficultés auxquelles est aujourd'hui confronté le football en général, et le football français en particulier.
Néanmoins, il a souhaité que la recherche de solutions à ces problèmes n'occulte pas l'essentiel, à savoir que le football est d'abord un jeu, dont l'objet est de divertir celui qui le regarde et d'épanouir celui qui s'y adonne. Il a d'ailleurs estimé que la préservation du caractère ludique du football, à l'heure où il semble dominé par le mercantilisme, était la condition même de sa pérennité, de ses succès futurs et de son attractivité.
Telle est la raison pour laquelle il a estimé nécessaire de trouver, à divers titres, un nouvel équilibre :
- entre la réalité économique, dont il a rappelé qu'elle faisait souvent avancer le football, et l'intérêt sportif, qui est au coeur de l'engouement populaire ;
- entre la préservation de l'indépendance du football et la mise en valeur de son utilité sociale et collective. A cet égard, sans sous-estimer le rôle intégrateur et fédérateur des clubs, il a estimé qu'ils n'avaient ni la vocation, ni les moyens de prendre le relais de politiques publiques défaillantes en matière d'intégration, d'éducation ou de cohésion sociale : si l'encadrement des clubs doit nécessairement s'engager sur des actions clairement identifiées de lutte contre les violences, le racisme et l'antisémitisme, et s'associer aux politiques locales de santé publique et de développement durable, il s'agit bien d'une entreprise nouvelle, qui suppose une évolution des mentalités ;
- entre le football de compétition et le football de loisir, enfin.
Regrettant la « judiciarisation » croissante du football, M. Jean-Pierre Escalettes, président de la Fédération française de football, a estimé qu'il était temps de recentrer les débats sur l'essentiel, à savoir d'une part l'aspiration croissante des Français à la pratique d'un football libre, facile d'accès et ouvert à tous et d'autre part, l'avenir des compétitions (Coupe de France et championnat national).
En conclusion, il a considéré que le football français vivait un tournant majeur exigeant la mise en place d'une nouvelle régulation, qu'il a estimé ne pouvoir être qu'européenne, sous réserve d'un assouplissement des principes de libre concurrence et de libre circulation, afin de définir quelques règles simples et de bon sens permettant de préserver les valeurs du sport.
A cet égard, il a souhaité que la grande famille du football, réunie dans des groupements comme le G14 ou les instances internationales du football, sache bâtir un avenir commun, notamment au sein de l'UEFA (Union of european football association).
Il a pris sa part de responsabilité, estimant qu'au plan interne, le rôle de la fédération était de coordonner cette nouvelle régulation, ce qui exige une attitude irréprochable sur le plan de sa gestion, de ses finances et du respect du droit.
A cette fin, il a assuré les sénateurs que la fédération soutiendrait les évolutions législatives et réglementaires qu'elle estime nécessaires à l'intérêt du football (statut de l'arbitrage, agents de joueurs) et qu'elle prendrait, sur les grands sujets qui concernent l'organisation du football de demain, des positions conformes à sa vocation de fédération délégataire de service public.
Un large débat a suivi cet exposé.