Intervention de Alain Bugat

Mission commune d'information sur la sécurité d'approvisionnement électrique de la France et les moyens de la préserver — Réunion du 11 avril 2007 : 1ère réunion
Audition de M. Alain Bugat administrateur général du commissariat à l'énergie atomique cea

Alain Bugat, administrateur général du CEA :

Rappelant que la construction de ce prototype ne pourrait véritablement débuter qu'à compter de 2012-2013 et durerait plus de cinq années, M. Alain Bugat a souligné que d'ici à cette échéance, le CEA aurait pour mission d'étudier les solutions techniques envisageables. A cet égard, il a expliqué que, pour la mise au point d'un réacteur au sodium, deux progrès technologiques majeurs devaient être réalisés pour, d'une part, mettre au point des systèmes d'inspection et, d'autre part, modifier la conception du réacteur de manière à empêcher tout contact entre le sodium et l'eau, d'où l'idée d'utiliser du gaz à la place de l'eau. Il a considéré qu'au regard de ces défis, et même en accélérant les recherches dans ces domaines, le prototype de 2020 ne pourrait vraisemblablement que constituer un moyen terme entre les réacteurs de troisième et de quatrième générations. S'agissant du financement, il a estimé que quelques dizaines de millions d'euros supplémentaires devraient être consacrées aux recherches avant 2012, et que la phase de construction des installations requérait plus d'un milliard d'euros pour le réacteur et quelques centaines de millions d'euros pour les installations annexes.

S'agissant de la participation des industriels au financement de ce prototype, il l'a jugée nécessaire tout en souhaitant qu'elle n'intervienne pas trop tôt dans le processus afin que les travaux de recherche ne soient pas trop influencés par des impératifs industriels. Il a néanmoins jugé que la participation des industriels au financement leur donnerait un avantage compétitif et diminuerait la facture publique, déclarant que, dans ces conditions, il était vraisemblable qu'EDF et Areva seraient présents dans le capital du prototype.

a ensuite estimé que le choix entre la concurrence entre pays et la coopération internationale était difficile à réaliser et que la France tentait de maintenir les deux options ouvertes. Il a ainsi considéré qu'eu égard au calendrier de réalisation des réacteurs de quatrième génération, deux phases successives pouvaient être envisagées, la première, allant jusqu'en 2025, faisant une place à la coopération entre les pays du forum international « Génération IV » qui permettra à la France de réaliser un prototype sur son territoire en partenariat avec les Etats-Unis et le Japon, avant de laisser place à une compétition entre les pays membres du forum.

Puis, s'interrogeant sur la position des pays voisins de la France vis-à-vis du nucléaire et sur leurs avances ou retards respectifs en matière technologique, M. Éric Doligé a demandé si les réticences étaient de nature à inquiéter le CEA et si elles constituaient un avantage ou un inconvénient pour la France.

a répondu que le CEA faisait des efforts pour être un fédérateur des recherches au niveau européen dans le domaine du nucléaire. Ainsi, a-t-il relevé, alors que le septième programme-cadre de recherche et développement (PCRD) de l'Union européenne ne consacre pas des sommes très importantes à la recherche dans le domaine de la fission nucléaire et affecte l'essentiel des 325 millions d'euros prévus à la fusion, une plateforme « fission » sera lancée le 21 septembre prochain à l'initiative de la France afin de développer des technologies nucléaires du futur, à laquelle participeraient des pays moins favorables au nucléaire comme l'Allemagne.

Il a ajouté que, s'agissant de la construction du prototype de quatrième génération, rien n'interdit par ailleurs la réalisation d'une coopération au niveau européen. Ainsi, il a relevé que des partenariats avaient été noués pour la construction du réacteur de recherche Jules Horowitz à Cadarache, observant là encore qu'à des pays ouverts au nucléaire tels que la République Tchèque, la Finlande ou la Belgique, s'étaient associés d'autres états, moins attendus, comme l'Espagne et peut-être l'Italie.

Par ailleurs, il a réaffirmé la nécessité de faire preuve de pédagogie et de transparence pour promouvoir le nucléaire, notamment en soulignant que les recherches menées dans cette filière ne s'opposaient pas au développement des énergies renouvelables.

Il a enfin observé que dans beaucoup de pays, notamment d'Asie, de nombreux réacteurs nucléaires étaient actuellement en construction et que les pays du Moyen-Orient s'intéressaient également à ces solutions énergétiques.

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