Intervention de Laurence Parisot

Commission des affaires économiques — Réunion du 22 mars 2006 : 1ère réunion
Economie finances et industrie — Entreprises - Audition de Mme Laurence Parisot présidente du mouvement des entreprises de france medef accompagnée de M. Pierre Nanterme président de la commission economie du medef

Laurence Parisot, présidente du MEDEF :

Répondant à diverses questions portant sur le thème, essentiel à ses yeux, du positionnement du MEDEF dans le débat public comme de la visibilité et de l'intelligibilité de ce positionnement, Mme Laurence Parisot, présidente du MEDEF, a indiqué qu'elle s'attachait à ce que son organisation ne s'exprime que dans la mesure où cette expression apportait un élément positif au débat, et à ce que celle-ci soit exclusivement conditionnée par l'intérêt des entreprises, sans dépendre de la qualité des autres acteurs. Après avoir estimé que si cette ligne de conduite était partagée, nombre de discussions seraient plus constructives, elle a ajouté que, convaincue que le manichéisme altérait la qualité des échanges, elle s'efforçait de tenir un langage de vérité qui, parce qu'il était nécessairement nuancé, pouvait effectivement parfois être plus difficilement audible.

Observant que cette méthode caractérisait les rapports qu'elle avait noués avec les partenaires sociaux, elle a rappelé sa théorie du « désaccord constructif » consistant à donner tout le temps nécessaire à la négociation afin de permettre aux positions d'évoluer et à de nouvelles idées d'apparaître pour sortir des blocages stériles. Elle a en outre indiqué qu'avec l'accord de toutes les centrales syndicales, elle avait organisé, au côté du dialogue social, un dialogue économique qui était bien vivant, du fait même des conditions de discrétion dans lesquelles il était actuellement mené.

Puis après avoir observé que Charbonnages de France était une structure essentielle pour la restructuration des friches industrielles des anciennes houillères nationales, Mme Laurence Parisot, présidente du MEDEF, considérant que l'existence d'un marché mondial des grands patrons étant un fait incontestable, s'est déclarée favorable aux dispositions permettant aux grandes entreprises françaises d'avoir les moyens d'être dirigées par des Français, puisque cela contribuait au maintien des sièges sociaux sur le territoire national, ainsi qu'à l'animation d'un vaste réseau de PME sous-traitantes, et que cela était dès lors favorable à l'ensemble de l'économie nationale.

A cet égard, abordant le thème des relations entre les grandes entreprises et leurs sous-traitants, elle est convenue de la pression extrêmement lourde qui pesait sur les PME, tout en observant qu'il s'agissait d'un phénomène de cascade, les grandes entreprises, confrontées à la concurrence internationale, étant elles-mêmes soumises à de très fortes exigences de compétitivité.

S'agissant des rapports entre flexibilité et sécurité, elle a récusé la notion de sécurisation des parcours professionnels, concept qu'elle a estimé dangereux en ce qu'il pouvait laisser penser qu'il était possible d'instituer dans le secteur privé un modèle comparable à celui de la fonction publique. Pour éviter une telle utopie, elle a suggéré d'évoquer la dynamisation des parcours professionnels en faisant référence à la formation, voie à privilégier pour lutter contre le chômage. Reconnaissant cependant que les entreprises étaient trop peu nombreuses à accueillir des jeunes ou des chômeurs en formation, elle a souligné que la campagne médiatique que le MEDEF allait prochainement financer avait précisément pour objet de convaincre les entreprises de s'engager davantage. Elle a toutefois souhaité une meilleure coordination avec l'Education nationale, prenant l'exemple de l'orientation vers l'apprentissage après la classe de troisième pour souligner les progrès restant à accomplir.

Enfin, après être convenue de la pertinence de la méthode « Chaban », consistant à avancer progressivement par la recherche du compromis, Mme Laurence Parisot, présidente du MEDEF, a insisté sur la nécessité de ratifier rapidement l'Accord de Londres sur le brevet européen, observant que, contrairement aux apparences, la défense de la langue et de la culture françaises constituait un argument en faveur de cette ratification puisque, en l'absence de celle-ci, nombre de PME, de chercheurs et d'ingénieurs français renonçaient à breveter leurs inventions en raison du coût exorbitant des obligations de traduction.

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